Depuis une dizaine de jours, les agriculteurs se mobilisent dans toute la France. Sous différentes bannières : FNSEA, JA, Coordination rurale, Confédération paysanne. Passage en revue des syndicats agricoles et de leurs divergences.
Alors que la colère des agriculteurs éclate dans l'hexagone et les autres pays européens, leurs syndicats se battent pour faire entendre leurs différences à 11 mois de leurs élections professionnelles.
FNSEA, JA, Coordination rurale, Confédération paysanne... Il est parfois difficile de s'y retrouver dans les cortèges. Mais qui sont-ils ? Quelles sont leurs revendications ? Décryptage.
La FNSEA, le plus puissant des syndicats
La Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles domine le paysage depuis près de 80 ans. Fondée à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, la FNSEA dirige avec les Jeunes Agriculteurs, la quasi-totalité des chambres d'agriculture en France. À tel point que certains parlent de "cogestion de la filière agricole par l'État et ce puissant syndicat".
La fédération a organisé de nombreuses manifestations dans toute la France depuis que le mouvement de colère a pris de l'ampleur. Comme, cette semaine, les points de blocage sur les autoroutes autour de la capitale. Mais aussi des opérations escargot et des actions dans les grandes surfaces en Normandie.
Le syndicat se targue par ailleurs d'avoir présenté un catalogue de 140 mesures détaillé au gouvernement pour sortir de la crise. Et critique vertement ses concurrents dans ce mouvement :
Nous on n'est pas là pour casser ! La Coordination rurale est uniquement là pour casser et forcément ça nous dessert ! Donc on ne veut pas d'actions avec eux.
Jean Puech D'Alissac, FDSEA 76
"C'est comme les gilets jaunes ! Il y avait ceux qui avaient de vraies revendications et ceux qui étaient là uniquement pour foutre le bordel."
Les JA avec la FNSEA
Les Jeunes Agriculteurs, anciennement appelés Centre National des Jeunes Agriculteurs, ont été fondés en 1957. Ils travaillent main dans la main avec la FNSEA. Les JA comptent 50 000 membres. Leur spécificité : leurs représentants ne peuvent avoir plus de 38 ans.
Pas question cependant pour eux de critiquer les autres syndicats. "On est tous dans la même galère", assure Denis Fiquepron, vice-président des JA 27.
La Confédération Paysanne classée à gauche
La Confédération paysanne a été créée en 1987 notamment par José Bové. Classée à gauche, son credo est de donner un espace aux agriculteurs opposés à l'agriculture productiviste, prônée, selon elle, par la FNSEA.
Au coude-à-coude avec la Coordination rurale dans les élections professionnelles avec 20 % des voix, ce syndicat milite pour une agriculture paysanne respectueuse de l'environnement.
Le syndicat se mobilise depuis le 20 janvier. C’est en Seine-Maritime près d'Yvetot, à Sainte-Marie-des-Champs qu'a eu lieu leur première action en Normandie. Les tracteurs ont bloqué l'accès à l'autoroute A150 toute l'après-midi.
On souhaite que les normes environnementales soient simplifiées et adaptées. On revendique des choses depuis 30-40 ans qui n'ont jamais été entendues. On revendique le local, on est beaucoup d'agriculteurs ici à transformer nous-même et vendre en direct. On est là pour faire vivre le territoire rural.
Porte-parole de la Confédération paysanne
Leurs deux revendications principales : sortir des accords de libre-échange, responsables, selon eux, de la destruction complète de la filière fruits et légumes en France et mettre en place un accord législatif pour interdire la vente à perte.
Des revendications qui ne sont pas partagées, selon Laurence Marandola, leur porte-parole par les autres syndicats et le gouvernement.
La Coordination Rurale, le petit dernier
La Coordination rurale naît fin 1991 dans le Gers d'une opposition à la réforme de la PAC et la FNSEA. Elle est classée politiquement à droite ou à l'extrême droite. Elle contrôle la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, un département fer de lance dans la contestation paysanne de ce mois de janvier 2024. Le mouvement est parti du quart sud-ouest de la France.
On est pacifique, on ne fait du mal à personne. On sait que si on casse quelque chose c'est nous qui allons le payer avec les contribuables.
Militant de la Coordination rurale
C'est d'ailleurs d'Agen qu'est partie lundi 29 janvier une colonne de tracteurs pour bloquer le MIN de Rungis.