Ils ont été parmi les premiers à rejoindre le Général de Gaulle à Londres. 215 jeunes bas-normands ont traversé la Manche après l'appel du 18 juin. Une adhésion précoce que retrace l'historien Michel Boivin dans son " Histoire du Gaullisme en Normandie ". 

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Quelques minutes de radio et c'est l'entrée dans l'Histoire. L'appel du 18 juin 1940 fait résonner la voix du Général de Gaulle qui déclare depuis Londres à la BBC : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». 
 


L' appel est le premier discours d'une longue série qui exhortent les français au combat et à la résistance face à l'occupant et à la collaboration vichyste. Dès juin 1940, des Bas-Normands rejoignent le général de Gaulle à Londres pour " reconquérir la France ". Ils font partie des premiers Français libres. 

Ainsi, une trentaine de Manchois part pour l’Angleterre en passant  par les îles anglo-normandes, avec la complicité de pêcheurs. Ils seront ensuite engagés dans les Forces Françaises Libres (FFL) dès leur arrivée à Londres, en juillet 1940. 

Ces Manchois sont très jeunes, à peine 20 ans. Ils sont issus pour la plupart de milieux modestes :  ouvriers,  employés, marins-pêcheurs ou encore étudiants.
 

 Les motivations de départ de ces jeunes Manchois sont essentiellement patriotiques. Pour eux, l’armistice et l’occupation sont inacceptables. Il faut continuer le combat jusqu’à la libération de la France.

Michel Boivin, spécialiste de De Gaulle et du gaullisme



Au total, 215 Bas-Normands d’origine rejoignent les FFL à Londres en juin-juillet 1940. Le taux de ralliement est plus fort que le taux national. Les Français libres originaires de la Manche y sont nettement majoritaires, ils représentent 60 % de l’effectif bas-normand. 

Des croix de Lorraine comme signatures

Dans son ouvrage en 4 tomes " Histoire du gaullisme en Normandie" publié aux éditions Eurocibles, l'historien Michel Boivin a mené un méticuleux travail d'archives, de la presse locale aux rapports des renseignements généraux: "Le général de Gaulle influence aussi d’emblée d’autres civils de la région, qui répandent sur place son premier appel en le reproduisant à la main le plus souvent, qui se réfèrent à son nom dans des « Vive de Gaulle ! » sous formes écrite et orale, et qui se lancent dans une résistance spontanée et individuelle usant abondamment de la croix de Lorraine pour signer leurs actes, la preuve irréfutable de l’existence d’une résistance intérieure gaulliste,  à la fois précoce et active, à l’écoute régulière des émissions de la France libre en français sur la BBC. Les tentatives de brouillage de ces émissions par Vichy et les Allemands n’ont guère de succès en Basse-Normandie. "

La résistance naissante d’obédience gaulliste s'organise une peu partout. Ainsi à Flers ( Orne), les gaullistes se réunissent chez Simone Guetteville, professeur de sténodactylographie. "Les consignes de la France libre, les discours du général de Gaulle sont pris en sténo à la radio, puis tapés à la machine et glissés sous les portes le soir venu ".  A Saint-Georges-des-Groseillers (61) , le patron de la distillerie du Pré-Neuf, Robert Letortu, "lui aussi animé de sentiments gaullistes ", tape des tracts à la machine et participe à leur distribution avec des complices.

 

Il est certain qu’un courant de sympathie à peine déguisé s’est manifesté à l’égard de l’ex-général de Gaulle dès les premières semaines qui ont suivi la défaite de nos armées et l’occupation allemande. L’ex général faisait à l’époque figure de héros libérateur, celui qui sauverait le pays par une intervention foudroyante. La formule « La France libre » a fait impression sur beaucoup de personnes, et non des moindres, qui y ont vu la quasi-certitude d’une délivrance prochaine et d’une revanche immédiate.  C’est à ce moment que les bruits les plus fantaisistes concernant de prétendus débarquements en France des armées anglaises ont commencé à circuler. L’ex-général de Gaulle, bien que peu connu, a bénéficié de cette exaltation mystique, de cette foi en un miracle, que n’ont pas peu contribué à propager la mise en circulation sous le manteau des prophéties les plus diverses.

Le préfet du Calvados, 12 novembre 1940




A Lisieux, on trouve même les fameuses croix de Lorraine chez les marchands d’articles de piété, au milieu des effigies de la vierge ou de Sainte-Thérèse. Et  l’esprit de résistance gaulliste  prend des formes collectives diverses : écoute de Radio-Londres, manifestations de rue, opérations ville morte, décorations de magasins et tenues vestimentaires en bleu, blanc, rouge, port de la croix de Lorraine, bataille des V ( le V de la Victoire dessiné à la craie). 

" Les préfets déplorent l'adhésion de la population estimée favorable à près de 80 % au général De Gaulle. Les arrestations pour propagande gaulliste produisent l'effet contraire.  Une seconde vague de ralliements aux FFL de l’extérieur se met en place de 1940 à fin 1943.  Au total, 410 Français libres originaires de la Basse-Normandie font partie de la seconde génération."

La Normandie bascule vers le gaullisme de Libération

La résistance intérieure s'organise, confiée à Jean Moulin qui doit unifier les mouvements entre eux, communistes notamment.  Ainsi  en 1943, "le Comité de libération du Calvados salue le Comité français de libération nationale présidé par le général de Gaulle et le reconnaît comme seul gouvernement légitime de la France".

Le gaullisme de résistance laisse place au gaullisme de Libération. Là encore, la Normandie va être non seulement le terrain militaire mais aussi politique de ce nouvel acte de l'Histoire de France. 
 
On retiendra évidemment le retour du général de Gaulle en France libérée  à Bayeux le 14 juin 1944 après qu’il a débarqué à Graye-sur-Mer, à bord du contre-torpilleur La Combattante, un bâtiment de la Marine Française Libre.  

L’homme du 18 juin pose ainsi le pied en France  alors que les forces alliées sont  au feu en Normandie, une visiste surprise et stratège qui dit déjà que le Général veillera à restaurer l'indépendance française. 
 

[? UN HOMMAGE VU DU CIEL ?] Le 14 juin 1944, le Général de Gaulle débarque sur les plages de #Normandie puis se rend à...

Publiée par Ville de Bayeux sur Dimanche 14 juin 2020


" Nous combattrons aux côtés des Alliés, avec les Alliés, comme un allié. Et la victoire que nous remporterons sera la victoire de la liberté et la victoire de la France.  Par ma personne, le Gouvernement de la France, le Gouvernement provisoire de la République française, salue la ville libérée de Bayeux. Je vais vous demander de chanter avec moi notre hymne national, la Marseillaise." Charles de Gaulle, 14 juin 1944.

Deux ans plus tard, c’est encore Bayeux que de Gaulle choisit pour prononcer son discours du 16 juin 1946 qui pose les fondements de la Ve République. 
 


Histoire du gaullisme en Normandie, 4 tomes, ed.Eurocibles, Michel Boivin. 
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information