Les associations des maires ruraux et des petites villes de France demandent à leurs élus d'ouvrir leurs mairies samedi, jour de mobilisation annoncée des "gilets jaunes", pour permettre aux citoyens d'exprimer leur colère et leurs revendications.
L'usage des cahiers de doléances remonte au XIV e siècle, les cahiers de doléances les plus notoires restent ceux de 1789, préalable à la Révolution Française. En cette période sociale de bouleversements et de colère portés par le mouvement des Gilets Jaunes, les maires ruraux et des petites villles de France ont décidé de se faire le relais de leurs concitoyens.
Contre "la surdité" de ceux qui gouvernent, les maires veulent "permettre à chacun de nos concitoyens d'exprimer verbalement leur colère", écrivent l'Association des maires ruraux (AMRF) et l'Association des petites villes de France (APVF) dans un communiqué commun.
Hubert Lefèvre, maire de Rauville-la-Bigot dans la Manche et Président départemental de l'AMRF ouvrira donc les portes de sa petite mairie samedi, jour de mobilisation des Gilets Jaunes. " Nous sommes le premier maillon de l'Etat, le premier maillon de la démocratie", explique-t-il.
Lors de cette journée, le rôle du maire et du conseil municipal sera d'écouter, d'enregistrer et de faire remonter l'information, sans prendre parti, sans juger, sans contredire...".
Les associations invitent notamment les élus à faciliter "l'expression de celles et ceux qui sont empêchés (exclusion numérique, analphabétisme, etc)". Une synthèse départementale des "doléances et propositions" devrait, selon elles, être ensuite diffusée "au gouvernement, au parlement et aux médias".
Comment cet appel sera-t-il effectif sur le territoire? Combien de municipalités recueilleront ces doléances?
A Cherbourg ( 50) par exemple, on a "pas encore décidé de l'ouverture d'une salle expressément dédiée, on va y réfléchir mais on a pas attendu cet appel, on rencontre les Gilets Jaunes quasiment au quotidien, on échange sur les revendications" explique le directeur de cabinet de Cherbourg-en-Cotentin. "Il me semble que le gouvernement ne doit pas se contenter d’entendre la colère qui s’exprime depuis samedi ( 17 novembre) . Il doit maintenant écouter et apporter des réponses. La souffrance qui s’exprime est profonde. Elle vient de loin. C’est celle des gens qui n’y arrivent plus depuis des mois, parfois des années. Et pour qui le carburant, le chauffage, l’électricité, toutes ces choses du quotidien deviennent inaccessibles" déclarait ainsi Benoît Arrivé, le maire, au tout début du conflit.
Quand on appelle dans les secrétariats des petites communes, les réponses sont aléatoires. A Fontaine-Etoupefour dans le Calvados, l'adhésion à la démarche n'est pas décidée tandis que d'autres communes resteront fermées samedi.
Contactée, Anne-Marie Cousin, présidente de l'association des maires de France cette fois pour le département de la Manche, ajoute à ce sujet que de nombreux maires ont déjà fait la démarche de se rendre sur les ronds-points pour échanger avec les Gilets Jaunes. " On joue notre rôle mais on sera toujours du côté de la démocratie."