Après la hausse annoncée des tarifs du gaz et de l'électricité en janvier prochain, les ménages les plus en difficultés s'inquiètent des factures à venir. Rencontre avec une jeune femme qui vit à Elbeuf avec sa famille dans une "passoire thermique", et cumule précarité sociale et énergétique.
Léa Zerbib nous accueille dans son appartement d'Elbeuf en Seine-Maritime ce matin là, et nous remarquons dès notre arrivée les traces noires qui recouvrent les deux grandes fenêtres de son salon. Des moisissures, nous prévient la jeune femme, qui ornent l'ensemble des montants. Léa vit dans ce trois pièces avec son mari et ses deux jeunes enfants. Son logement est ce que l'on appelle une passoire thermique.
L'immeuble n'est pas isolé, pas plus que son appartement, humide en toutes saisons, et qui laisse passer le froid ou la pluie. "Il y a de la moisissure sur chaque fenêtre, et quand il pleut, ça fait une flaque d'eau au sol" nous explique Léa, dépitée. Même chose dans la salle de bain sans fenêtre, dans laquelle la VMC, le système d'aération, ne fonctionne plus. Son propriétaire rechigne à faire les travaux nécessaires, et la famille est contrainte de se débrouiller avec des fenêtres qui ne ferment mal, et de l'humidité sur tous les murs. "C'est chauffé au gaz ici, et l'appartement n'est pas isolé, ni intérieur ni extérieur donc quand c'est l'hiver et qu'il faut chauffer, le chauffage va dehors" se désole Léa. Et les factures flambent. Les aides financières et allocations dont la famille disposent, couplées au bouclier énergétique mis en place par le gouvernement ne suffiront pas dans le cas d'une famille précaire.
Factures d'énergie, premier poste de dépenses
L'Adil 76, l'Agence départementale d'Information sur le logement de Seine-Maritime suit 250 familles dans la même situation que celle de Léa. Toutes vivent les mêmes difficultés. "On considère aujourd'hui que le logement est le premier poste de dépenses. La facture d'énergie a tendance à le dépasser. Le loyer pour les plus modestes vient en deuxième position" nous explique Karim Belhaj, le directeur de l'Adil 76.
La facture énergétique a tellement grimpé que se pose le dilemme : je paie mon loyer ou ma facture énergétique ?
Karim Belhaj, directeur de l'Adil 76
Pour aider les plus modestes, l'état à prévu de verser un chèque énergie de 100 à 200 euros en fonction des revenus. Ce qui s'avèrera de toutes façons insuffisant pour ceux qui cumulent difficultés sociales et logements insalubres.
Energie : les aides disponibles
Le chèque énergie sera versé d'ici la fin de l'année 2022 aux 12 millions de français les plus modestes, ce qui représente 4 foyers sur 10. Une aide qui représente pour l'état la somme d'1,8 milliard d'euros.
Aucune démarche n'est nécessaire pour obtenir cette aide, l'état se basant sur les déclarations de revenus. C'était également le cas pour le chèque énergie classique versé en mars et avril dernier à 5,8 millions de foyers.
Ce chèque énergie pourra être utilisé pour payer les factures de gaz et d'électricité, mais aussi le bois et le fioul. Une aide cumulable pour le fioul, avec celle décidée au printemps dernier, soit une enveloppe globale de 230 millions d'euros, que les foyers les plus modestes toucheront à partir de ce mois de novembre. Ces personnes qui se chauffent au fioul pourront donc disposer de 400 euros pour remplir leur cuve.
Les entreprises aussi bénéficieront d'aides pour passer cet hiver compliqué. Toute entreprise qui perd de l'argent en raison de l'augmentation du gaz et de l'électricité pourra effectuer une demande sur le site des finances publiques, à la condition que l'achat d'énergie représente au moins 3% du chiffre d'affaire en 2021. Il faut également justifier d'un doublement des factures de gaz et d'électricité sur cette période. Cette aide était auparavant plafonnée à 2 millions d'euros, mais les montants, et les modalités jugées compliquées, sont en train d'évoluer.