Depuis que la ville n'utilise plus de désherbants chimiques, les "mauvaises herbes" s'invitent dans le paysage. Des administrés se plaignent de la "saleté". Le maire répond qu'il revient aux habitants de nettoyer devant leur porte...
Tout a commencé au sortir du confinement. "La végétation a repris ses droits. On a aussi vu le retour des insectes, de la faune, de la flore", se réjouit le maire, Valérie Desquesne. Les "mauvaises herbes" ont poussé ici et là dans les interstices de la ville, entre les pavés et le goudron. Les employés de la voirie ont bien repris leur travail, "mais on est pris de court", explique Valérie Desquesne. "On a essayé de faire appel à des entreprises extérieures qui sont aussi très sollicitées. Elles n'ont pas pu inervenir".
La réglementation est claire : chaque propriétaire est responsable de l'entretien devant chez lui, jusqu'au trottoir...On est dans une société de plus en plus individualiste. On demande beaucoup aux autres, aux élus, au maire qui est responsable de tout. Il est temps de revenir à plus de solidarité,
Les effets du "zéro phyto"
"Vous avez de l'herbe qui pousse entre le mur et le trottoir, vous l'enlevez. Vous avez un chien, vous devez avoir un sac pour ne pas laisser de déjection. Et au cimetière, vous devez nettoyer autour des tombes", tranche le maire.
"Mais les gens sont fainéants !", déplore une habitante. Pourtant, "ce n'est pas une grande surface à entretenir", ajoute une autre. Mais "entre le travail, les enfants, les activités, on n'a pas toujours le temps. Puis il y a des gens qui ne vont pas pouvoir le faire. Les personnes âgées par exemple", s'inquiète une jeune maman.
Dans les allées gravillonnées des cimetières, la végétation reprend peu à peu ses droits. "Les cimetières, c'est ce qui fait le buzz, admet Valérie Desquesne. Mais ça représente l'équivalent de quatre terrains de foot à entretenir. Il faudrait recruter d'autres agents. Je n'ai pas les finances pour le faire et je ne veux pas augmener les impôts locaux".
Sans désherbant chimique, Condé-en-Normandie découvre qu'il y a de la vie sous le bitume. Valérie Desquesne ne cache pas qu'elle envisage à long terme de végétaliser la ville "mais avec des plantes rampantes qu'il est possible de maitriser, par exemple dans les allées des cimetières". Les adeptes de la ville propre et nette n'ont plus qu'à se plier pour arracher ce qui s'obstine à pousser, comme cet habitant accroupi qui "nettoie" au pied de son mur, "puisque la mairie ne veut pas le faire". Ce qui inspire cette question au maire : "qu'est-ce qu'une mauvaise herbe ?"