Il est toujours vert : François Dufour sort de sa retraite et retrouve le conseil régional.

Il avait perdu son siège pour quelques voix lors des élections du mois de décembre 2015. François Dufour va retrouver son fauteuil en 2018, profitant de la démission du ministre Stéphane Travert. Il espère ne pas être "perçu que comme un opposant". A 64 ans, il n'a rien perdu de sa flamme militante.

S'il croyait au Père-Noël, il pourrait penser au cadeau tombé du ciel. "Stéphane Travert m'avait confié il y a déjà quelques semaines qu'il ne comptait pas rester au conseil régional tout en étant ministre de l'agriculture". Mais le temps passait, et... rien. "J'avais de quoi m'occuper ! J'ai laissé ma ferme aux enfants, mais je continue de leur donner un coup de main. Et je reste très engagé à Notre-Dame des Landes. J'ai des copains paysans dont les terres sont situées à l'emplacement des futures pistes de l'aéroport. J'y étais encore il y a quelques jours".

Militant écolo, syndicaliste, alter-mondialiste, attaché à ses racines paysannes


Il n'est de toute façon pas du genre à laisser filer le temps. François Dufour est un homme engagé, qui a toujours eu de nombreux fers au feu. Il fut l'un des premiers à convertir sa ferme à l'agriculture biologique dans le sud de la Manche. Il a milité à la Confédération Paysanne, il en est devenu le porte-parole national à la fin des années 1990. Ce proche de José Bové a été de tous les combats de l'époque, contre la malbouffe, contre les OGM, contre le nucléaire. François Dufour s'est aussi investi au sein du mouvement alter-mondialiste Attac. Il a manifesté partout dans le monde contre l'Organisation Mondiale du Commerce.



La politique n'aura été qu'un prolongement de sa vie militante. Surtout pas un aboutissement. Europe Ecologie le désigne pour mener sa liste aux élections régionales en 2010. Et par le jeu des alliances, il devient vice-président du conseil régional de Basse-Normandie. Alors, quand la sanction des urnes tombe un soir de décembre 2015, il s'en retourne dans le sud-Manche, fataliste : "c'est le jeu démocratique. Il nous aura manqué 4500 voix, à peine une par commune en Normandie..."



En rendant son tablier, il s'était figuré qu'une page se tournait définitivement. Mais la vie politique est pleine de surprises. Stéphane Travert était le chef de file de la gauche en 2015 dans la Manche. Entre-temps, il a rallié Emmanuel Macron, lequel est devenu président de la république. Stéphane Travert a été nommé ministre. Et il y a quelques jours, il a annoncé sa démission de son mandat de conseiller régional. François Dufour était le premier non-élu sur sa liste en 2015. Il se retrouve aujourd'hui mécaniquement élu. C'est la règle. "J'attends quand même la confirmation de la préfecture" comment François Dufour dans un sourire.

En tant que citoyen, on a l'impression d'être excentré. La région paraît loin de nous. Si on veut une Normandie dynamique, elle doit être en capacité de rayonner sur tous les territoires.


Deux ans après, il va donc retrouver l'assemblée régionale, dans une région Normandie réunifiée, plus grande, peut-être plus distante aussi. C'est son sentiment : "dans la Manche, en tant que citoyen, on a l'impression d'être excentré. La région paraît loin de nous. Si on veut une Normandie dynamique, elle doit être en capacité de rayonner sur tous les territoires".

L'homme n'a rien perdu de sa flamme militante


François Dufour va aussi faire connaissance avec un nouveau président, le centriste Hervé Morin à la tête d'une autre majorité : "je ne l'ai jamais pratiqué. J'ai l'impression qu'il fait beaucoup de communication. Mais je vais vérifier en me replongeant dans le bain. Et moi, j'ai d'abord envie de travailler avec les gens. Les histoires d'appareils, les calculs politiciens ne m'intéressent pas. J'espère d'ailleurs être perçu autrement que comme un simple opposant. J'y vais pour défendre l'intérêt général".


À la région, il brûle de remettre sur la table des chantiers qu'il juge à l'arrêt : "quand on a monté le dossier de reprise de l'abatoir AIM à Villedieu-les-Poêles, nous souhaitions en parallèle développer une filière "porcs normands" avec des bêtes nourries à la farine d'orge, ce qui permetttrait de péréniser cet outil industriel et de défendre l'image de marque de la région. Mais il n'y a pas eu de suite. Et puis il y a le tourisme dans la baie du Mont Saint-Michel. On a eu ce rapport de la chambre régionale des comptes sur le mauvais accueil des touristes. Mais je ne vois personne réagir." François Dufour n'a manifestement rien perdu de sa flamme militante...


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