IMMERSION. Armada 2019 : l'Hermione, comme un goût d'aventure

L’Hermione sera un des bateaux vedettes de l'Armada 2019 de Rouen. Une de nos journalistes a passé 9 jours à bord de ce joyau des mers, réplique d'une frégate de la fin du 18ème siècle. Récit d’une évasion maritime et d’une aventure humaine entre La Rochelle et Cherbourg-en-Cotentin.

Au loin, au large de La Rochelle, non loin de l'île de Ré se dresse, majestueuse l'Hermione. Elle est au mouillage attendant une fenêtre météo favorable pour pouvoir prendre le large.
 




A bord, c'est une plongée dans l'histoire, une immersion dans la fin du 18ème siècle. L'Hermione c'est une réplique de la frégate qui emmena en 1780 le marquis de La Fayette en Amérique soutenir les indépendantistes.
Sur le pont de ce 3 mats, il n'y a aucun matériel électrique pour manier le gréement et les 30 km de cordages. Tout se fait à la force des bras.


Pour manœuvrer ce bateau, 78 gabiers sont nécessaires. Par tous les temps, ils montent dans les hunes pour hisser ou affaler les vergues et les voiles et entretiennent la mâture et les gréements. Ils étaient au moins 3 fois plus nombreux à l'époque. Sur les 78 gabiers à bord, les 2/3 sont des volontaires, le reste, des professionnels.


La nuit aussi, il y a du monde sur le pont



La météo n'est pas avec nous, les vents sont contraires et importants. Nous resterons donc au mouillage pendant 24 heures. Mais rester au mouillage ce n'est pas rester sans rien faire. Il y a de la surveillance sans cesse. Sur le pont, un gabier veille. Il vérifie la profondeur de l'eau, que le bateau, malgré l'ancre ne se déplace pas et qu'aucun navire n'arrive sur lui. Un autre gabier fait sa ronde dans tout le bateau.
 


L'Hermione est restée au mouillage au large de La Rochelle pendant plus de 24 heures, l'occasion de faire des exercices incendie et abandon.
L'Hermione enfin sous voile

Enfin, le jour tant attendu est arrivé. L'Hermione va prendre le large. 
Difficile de se retrouver dans ce dédale de cordages et de point de tournage. Les chefs de quart donnent des consignes, les gabiers appliquent. Ces volontaires ont dû apprendre près de 300 termes de marine avant de monter à bord. Les plus anciens aident les nouveaux mais tous y mettent tout leur cœur et le corps, puisque le travail est physique.
 


L'Hermione arpente désormais fièrement le Golfe de Gascogne dans toute sa splendeur. Elle en impose, toutes voiles dehors. La plupart des matériaux sont semblables à ceux d'origine: du chêne pour la coque et les mats, du chanvre pour la plupart des cordages et du lin pour la voilure. 
Un décor dont Sandrine Pierrefeu, gabière et écrivaine ne se lasse pas :

C'est un peu comme tutoyer une cathédrale. C'est un bateau chef-d’œuvre. D'être dans l'intimité de ce bateau-là, c'est très particulier. C'est très rare. Il n'y a pas d'autres bateaux comme ça ou très peu. C'est notamment les matériaux qui me plaisent. Ce sont des matériaux naturels. Ils sont vivants. Ils bougent les uns par rapport aux autres. Ils évoluent dans le temps.

 

Embarquer à bord de l'Hermione, c'est vivre une aventure maritime et humaine. Nombreux sont les gabiers qui reviennent à bord après un premier voyage. C'est le cas d'Antoine Dossmann. Il est gabier volontaire mais est aussi salarié de l'Association Hermione-La Fayette. Il y est coordinateur Médiation.

Je sens le souffle de l'aventure. L'Hermione, c'est une machine à rêves. Et les rêves, c'est ce qui vous fait avancer.

 


La vie à bord


L'équipage est composé de 78 personnes : 15 marins professionnels, 56 volontaires qui participent aux manœuvres, les gabiers. L'équipage est divisé en trois équipes, appelées tiers, qui assurent des services de 4h : les quarts.
Il y a le tiers bâbord, le tiers milieu et le tiers tribord. Le tiers bâbord est de service de 8h à midi et de 20h à minuit. Le tiers milieu travaille entre 4h et 8h et 16h et 20h. Enfin, le tiers tribord est de quart de minuit à 4h et midi à 16h. 

Apprivoiser la nuit

S'accrocher aux étoiles

Le tout premier quart de nuit est toujours pour chacun une aventure. Il y a d’abord le réveil à minuit ou à 4 heures du matin et cette impression d’être tirée d’un voyage lointain et profond par une voix inconnue qui annonce la météo avant de compter jusqu’à 3 et d’inonder le poste de lumière crue. Se lever, s’habiller en mode automatique, un chrono dans la tête.
Sandrine Pierrefeu écrivaine et gabière sur l'Hermione

C'est ainsi que commence le texte de Sandrine Pierrefeu. La nuit l'a inspirée. La nuit, aucune lumière n'est autorisée sur le pont. Il faut éviter obstacles. Nos yeux ont besoin de temps pour s'habituer à l'obscurité. Le texte de Sandrine Pierrefeu se poursuit :

"Ne pas être en retard, ne pas être en retard. Avaler un fruit et quelque chose de chaud avant de faire LE pas, le premier pas dehors dans la nuit. Ce pas là, dans le noir et le vent, le frais souvent, on le fait encore aveuglé par les lumières du dedans. Il en faut de la vaillance pour se jeter dehors à tâtons sur ce pont qui valse avec la mer autour. Heureusement cette nuit, cette première nuit de navigation 2019, les étoiles nous attendent. On s’y accroche et on y va. On avance. On escalade les rampes vers le gaillard où le tiers précédent attend la relève.
Et peu à peu, le noir se creuse, se sculpte. Les voiles se découpent sur le ciel, des cordages sur les ponts.
Des voix murmurent. On reconnait des silhouettes. Doucement, la nuit se lève, elle s’éclaire. Elle devient intelligible.

 

 

Branle-bas de combat sur le pont

L'Hermione, c'est la réplique de la frégate qui emmena en 1780 le marquis de La Fayette en Amérique soutenir les indépendantistes face aux Anglais. A cette époque, la France était une puissance maritime importante. Elle a ensuite décliné. La bataille de Trafalgar en est l'exemple.  La flotte franco-espagnole y est défaite. Cette victoire britannique conforte sa suprématie sur les mers, qui devient absolue et incontestée plus d'un siècle durant.

Alors forcément à l'approche des côtes britanniques, sur l'Hermione, on rejoue l'histoire. Tout le monde est en tenue historique et on tire des coups de canon. 
 
Après l'Angleterre, direction la France. L'Hermione croise l'Etoile, une goélette de la marine nationale qui contribue à la formation des élèves officiers durant des exercices en Atlantique, Manche, mer Méditerranée.
 

C'est la dernière ligne droite avant l'arrivée à Cherbourg. Jérémie Angouillant est havrais. Il montait à bord de l'Hermione pour la première fois est enthousiaste :

On s'est régalé à manœuvrer ce bateau, à apprendre à agir dessus, à travailler tous ensemble, à s'aider. Il y a aussi l'ambiance et la camaraderie. C'était parfait, que des beaux jours.

Matthieu Blondlot, chef de tiers sur l'Hermione a suivi des études de sport en STAPS et puis ce fut la découverte de l'Hermione comme gabier volontaire. Une révélation. Après d'autres expériences sur des voiliers, il est revenu comme marin professionnel sur l'Hermione.

C'est une énorme famille. On est bientôt 500 gabiers à avoir été formés. Il y a une transmission, une diversité dans le vivier de gabiers au niveau des métiers différents. On y trouve tous son compte. On veut tous faire fonctionner le bateau donc il y a une énergie positive à bord.


Cette étape entre La Rochelle et Cherbourg aura été l'occasion de constater une nouvelle fois les performances de L'Hermione qui peut atteindre la vitesse maximale de 14 nœuds.
Des performances que souligne son commandant, Yann Cariou :

On est sur le high-tech de l'époque. L'Hermione, c'est le rafale de la fin du 18ème siècle. On est ébahi par les capacités de ce bateau, sa tenue en mer, son équilibre, sa rapidité. C'est un bateau parfait.

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