Nos confrères du site StreetPress ont pu se procurer des documents internes à l’agence de l’eau Seine Normandie. Plusieurs analyses faites après l’incendie de Lubrizol révéleraient une pollution aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Nos confrères du site StreetPress ont pu consulter des documents internes à l’agence de l’eau Seine Normandie. Les différentes analyses faites après l’incendie de Lubrizol révèleraient une pollution aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ingérées, elles augmentent les risques de cancers du tube digestif et de la vessie.
D’après les documents que nos confrères ont pu exploiter, de fortes concentrations en HAP ont été détectées en 2020 dans la source souterraine des Cressonnières, à Fontaine-sous-Préaux. Cette dernière fait partie des trois sources qui alimentent la station servant à l'approvissionnement de Rouen. Le taux relevé rendait l’eau potable impropre à la consommation mais une fois diluée dans la nappe, la pollution se place en dessous des seuils sanitaires.
Dans son article la journaliste fait le lien avec l’incendie de Lubrizol car cette concentration n’avait pas été relevée en l’espace de deux décennies : « Les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), des molécules contenues dans les dérivés du pétrole et les suies d’incendie, constituent l’une des grandes familles de substances cancérogènes. En visualisant les résultats sous forme de graphique, plusieurs pics de concentration apparaissent à partir de février 2020. Le phénomène était sans précédent depuis vingt ans. »
Pas d’HAP dans le bassin d’eau filtrée mais tout un écosystème touché
La station de Fontaine-sous-Préaux est alimentée par trois sources : la Cressonnières, l’If et le François qui se jettent dans ce qu’on appelle une chambre de partage, une sorte de bassin en briques qui date de l’époque Napoléonienne. Cette station assure la la majorité de l’eau potable de la ville de Rouen. Cette présence n'a pas été relevée immédiatement après l'incendie de Lubrizol car les HAP ont été retenus dans les sous-sols crayeux propres à la Normandie.
La journaliste de Street Press a interrogé un hydrogéogue rouennais : Matthieu Fournier. Il explique que l'enjeu écologique est présent : « Les HAP les plus lourds sont piégés dans la roche et imprègnent le milieu. Les autres sont transportés par l’eau, or 90% de l’eau des rivières provient des nappes phréatiques. Donc, si la nappe est contaminée, la rivière le sera. Et là, il y a un enjeu écologique : les HAP sont toxiques pour les larves d’insectes, les poissons… ».
Interrogée par Street Press, l’Agence régionale de santé assure qu’il n’y a pas de risque : « L’eau captée sur ces ressources et distribuée après traitement à la population passe par un processus d’ultra-filtration qui permet de retenir les particules d’une taille supérieure à 0,01µm et les substances polluantes associées, dont les HAP ».
Pourtant « les analyses de la source des Cressonnières, parfois espacées de plusieurs mois, permettent malgré tout d’identifier au moins deux épisodes de contamination et deux épisodes de pollution selon les normes en vigueur. Non seulement l’eau n’est pas potable, mais les concentrations en HAP dépassent même les normes de potabilisation de 1µm/L. En clair : même après traitement, elle est impropre à la consommation ». Street Press
En somme, l’ARS analyse l’eau de ce bassin et l’agence de l’eau directement la source. La pollution des Cressonnières s’est retrouvée diluée dans les autres sources alimentant la station de captage expliquant l’absence d’alerte émise par l’ARS.
Lettre Union Victimes de Lubrizol à Emmanuel Macron
Demande de plus de transparence
Le groupe Europe Ecologie Les Verts (EELV) n'a pas tardé à réagir à cette publication et demande à nouveau "la transmission par Lubrizol des échantillons nécessaires aux chercheurs (...) pour connaître les polluants auxquels nous avons été exposés."
Suite aux révélations de @LeaGasquet et @CaroVrn pour @streetpress concernant les conséquences de la catastrophe de #Lubrizol ? https://t.co/aFFAjZ770R
— David Cormand??? (@DavidCormand) October 28, 2021
Notre réaction et nos demandes?
cc @eelv @GenerationsMvt pic.twitter.com/HOAiNQS7o8
Le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, a réagi à cette information au micro de France 3 Normandie mercredi 3 novembre 2021 : "je n'ai aucune difficulté à dire qu'un certain nombre de cours d'eau ont connu des dépôts de suie et donc de pollution. Ce qui est utilisé pour alimenter le réseau ne se fait pas au coeur de la source des Crésonnières".