Des milliers de mètres cube de sédiments sont curés et dragués de part et d'autre du barrage.
Mont Saint-Michel : travaux hydrauliques
Des opérations de dragage et de curetage du Couesnon sont en cours pour donner un coup de main au barrage. Un chantier qui va durer plusieurs mois.
Le chantier va se prolonger jusqu'en 2015. Il consiste à agir en amont et en aval du barrage afin de le rendre plus efficace. L'objectif est de redonner au Couesnon la force d’emporter les sédiments au loin du Mont et d’entretenir un environnement maritime autour des remparts.
Une tâche dont ni le fleuve ni le barrage ne peuvent s'acquitter sans un bon coup de pouce.
Le lit du Couesnon en effet, engorgé de sédiments amoncelés à cause de la digue au fil des ans, ne joue plus son rôle de bassin de stockage naturel de la marée. La capacité de chasse du fleuve s'en trouve considérablement réduite.
Le nouveau barrage ne saurait à lui seul restituer toute sa puissance au Couesnon, mais conjugué à des aménagements hydrauliques, il donnera à nouveau au fleuve la force perdue depuis plus de quarante ans. C'est l'objectif de ce vaste chantier.
>>Voyez ci-contre le reportage de Thierry Cléon et Joël Hamard à l'occasion d'une visite du chantier ouverte à la presse.
Et ça marche. Autour du Mont-Saint-Michel, la mer a commencé à grignoter peu à peu vasières et pré salés, premiers fruits encore modestes des titanesques efforts entrepris pour lutter contre l'ensablement de "la Merveille". A l'oeil, les résultats sont encore modestes, mais ils sont bien réels. Les herbus reculent et le sol se creuse à l'est de la digue.
Selon François-Xavier de Beaulaincourt, le directeur général du syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel, "on ne peut plus passer à marée haute à l'est du Mont dès que le coefficient de marée dépasse 65".
A l'ouest de la digue d'accès, les relevés par laser effectués par le syndicat mixte montrent aussi une diminution de la hauteur des vasières, désormais plus souvent recouvertes par la mer.
Toutefois, on est encore loin de l'objectif final : un Mont entouré d'eau à marée haute 155 jours par an - pour 52 jours en 2009- et un abaissement moyen du sol autour du Rocher de 70 centimètres.
Car d'énormes travaux restent encore à réaliser.
En amont du barrage, une dragueuse et des pelleteuses ont commencé à creuser le lit du Couesnon et un ancien méandre aujourd'hui comblé. Objectif, doubler la quantité d'eau stockable derrière le barrage et permettre des "chasses" plus longues et plus efficaces.
Plus d'un million de mètres cubes de sédiments ou "tangue", comme on les appelle, vont être extraits et fournis aux agriculteurs voisins pour enrichir leurs terres. "Ces sédiments sont très réputés pour lutter contre la bosse du chou", une maladie des crucifères capable de dévaster 70% d'une récolte, explique François-Xavier de Beaulaincourt.
En aval, des pelleteuses ont également commencé à extraire 850 000 mètres cubes de sédiments du Couesnon et des herbus qui le bordent, pour accélérer le travail de sape des eaux.
Ces aménagements ne trouveront vraiment leur aboutissement qu'à la mi-2014, avec la destruction de la digue d'accès et son remplacement par un pont-passerelle.
Le Couesnon pourra alors enserrer le Mont entre ses deux bras. "Ce que nous voulons, c'est lui permettre de divaguer dans la baie" de chaque côté du Rocher, comme il le faisait avant que la digue ne soit construite à la fin du XIXème siècle, rappelle M. de Beaulaincourt.
"Le barrage semble efficace, mais on n'a pas encore beaucoup de recul", commente de son côté un scientifique observateur de la baie, qui préfère rester anonyme.
"On va peut-être arriver à désensabler le Mont, mais reste à savoir à quel prix pour le reste de la baie", ajoute-t-il, en faisant allusion aux craintes d'accumulation des sédiments dans d'autres points de la côte.
Pour suivre ce vaste chantier, le site officiel de l'opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel : www.projetmontsaintmichel.fr