Amiante : 16 ans d'enquête, toujours pas de procès

L'association de défense des victimes de l'amiante a déposé 705 nouveaux dossiers constitués à Condé sur Noireau

Une délégation s'est rendue à Paris le mercredi 4 avril afin de remettre ces dossiers à la juge Odile Bertella-Geffroy qui instruit -entre autres...- le dossier concernant l'usine Ferrodo-Valeo de Condé sur Noireau. "On demande à la juge d'inclure ces dossiers dans la procédure" explique François Desriaux, le vice président de l'Andeva. 

Parmi ces 705 dossiers, 115 concernent des personnes décédées, et 590 des personnes qui sont aujourd'hui malades de l'amiante. Le parquet doit désormais dire si ces nouveaux dossiers peuvent être associés aux premières plaintes déposées en 1996.

Le but de cette initiative, c'est de "relancer le volet pénal de l'amiante en France" indique encore François Besriaux qui déplore la lenteur de la justice :  "Au bout de deux ans de procédure en Italie, on aboutit à une lourde condamnation des responsables d'Eternit. En France, on en est toujours à l'instruction !" .

Le 13 février, à l'issue d'un grand procès de l'amiante, deux dirigeants d'Eternit ont été jugés responsables de la mort de près de 3000 personnes. La justice italienne les a condamnés à 16 ans de prison (voir ici le reportage de TV5 monde).

Depuis quelques années, les plaintes des victimes de l'amiante de Condé sur Noireau ont été regroupées au pôle de Santé Publique à Paris. La juge Bertella-Geffroy a mis en examen un ancien médecin du travail ainsi que plusieurs anciens chefs d'établissement. Mais, seize ans après le dépôt des premières plaintes, l'enquête n'en finit pas de se poursuivre.

"Le dossier de Condé sur Noireau est le plus avancé sur le plan pénal" affirme M° Michel Ledoux. La clôture de l'instruction lui semble "relativement" proche. Ces 705 dossiers supplémentaires qui viennent s'empiler sur le bureau du juge sont d'abord destinés à prendre date. "Le but, c'est que le jour du procès, il n'y ait pas que quelques plaignants dont la plupart son découragés par la lenteur de la procédure, précise l'avocat de l'Andeva. "Condé sur Noireau, ce n'est pas seulement trois ou quatre plaignants, c'est aussi 705 personnes, 115 morts, une catastrophe sanitaire".


François Besriaux (vice-pdt de l'Andeva) et l'avocat Michel Ledoux interrogés devant le pôle de Santé Publique :