Depuis ce mardi matin, plusieurs centaines de salariés sont en grève à l'appel de l'intersyndicale.
Très tôt ce matin, plusieurs d'entre eux ont installé quatre barrages filtrants aux abords de l'usine de retraitement de combustibles nucléaires, entraînant d'importantes perturbations de la circulation.
Les salariés protestent contre la remise en cause de l’ensemble de leurs acquis sociaux : congés payés, départ en retraite, pénibilité du travail, etc. par leur direction.
Des négociations doivent avoir lieu demain et après-demain entre la direction d’Areva et les syndicats.
Une nouvelle action du même type est déjà prévue pour le lundi 14 novembre.
Le groupe nucléaire, en pleine réorganisation après Fukushima, a annoncé le 27 octobre un chiffre d'affaires en baisse d'environ 3% au 3e trimestre, avec des annulations de commandes depuis la catastrophe japonaise "limitées" à 301 millions d'euros, contre 191 millions fin juin.
Le chiffre d'affaires du géant français de l'atome ressort en baisse de 2,9% au troisième trimestre à 1,95 milliard d'euros, proche des attentes des analystes et en ligne avec la tendance sur les neufs premiers mois de l'année (-3,5%) avec des ventes de 5,95 milliards d'euros, indique-t-il dans un communiqué.
Cette morosité s'est également traduite sur le carnet de commandes, en léger repli de 1% et stable sur un an à 42,7 milliards d'euros, une grande commande d'EDF d'1,1 milliard d'euros devant être passée dans les comptes au 4e trimestre.
Areva met actuellement au point une vaste réorganisation stratégique qui sera présentée en décembre dans la foulée de l'accident japonais et du remplacement d'Anne Lauvergeon par Luc Oursel à sa tête, affiche des ventes contrastées.
Areva se prépare à une sévère cure d'austérité
Le groupe nucléaire dévoilera son plan stratégique le 13 décembre prochain.
Les syndicats craignent que les mesures de réduction de coûts se traduisent par plusieurs milliers de suppressions d’emplois.
Dans un peu plus d'un mois, le conseil de surveillance d’Areva examinera le grand plan stratégique de l’entreprise pour les années à venir. Luc Oursel, le président du directoire du groupe nucléaire et successeur d’Anne Lauvergeon, en fera ensuite une présentation publique.
Une échéance guettée avec inquiétude par les salariés.
Depuis la catastrophe de Fukushima, ils savent que leur compagnie traverse une sévère zone de turbulences. Deux clients aussi stratégiques que le Japon et l’Allemagne ont fortement réduit, pour des raisons différentes, leur recours l’atome. Le premier contraint et forcé par les conséquences du tsunami, le second sous la pression d’une opinion de plus en plus hostile. Sept centrales ont déjà arrêté de fonctionner outre-Rhin, et l’objectif est un arrêt complet du nucléaire.
Cette baisse de charge brutale de l’activité d’Areva coïncide avec une passe financière délicate. En situation de perte opérationnelle l’an dernier, une première dans son histoire, le groupe nucléaire passe aujourd’hui ses comptes au crible.
Le contrat de construction de l’EPR finlandais et la valeur d’acquisition des mines d’uranium du groupe sont en particulier susceptibles de générer des charges supplémentaires.
Dans ces conditions, les syndicats redoutent que le plan de Luc Oursel ne se traduise par une sensible réduction des effectifs. Le scénario le plus dur évoque entre 3 000 et 4 000 suppressions de postes. Soit près de 10% des personnels d’un groupe qui compte environ 48 000 salariés dans le monde.
L’inquiétude est telle que les syndicats ont obtenu la réunion d’un comité de groupe européen les 26 et 27 octobre, en présence de Luc Oursel. Déjà interrogé par le bureau de ce comité sur un éventuel plan social, le dirigeant a répondu que rien ne serait communiqué avant l’officialisation du plan stratégique.
Pendant ce temps-là...
Un train de déchets radioactifs allemands, retraités à l'usine de la Hague doit quitter la région le 24 novembre selon un porte-parole de Greenpeace qui s'attend à une forte mobilisation contre le nucléaire à cette occasion.
"C'est certain : le train partira le 24 novembre en milieu d'après-midi de Valognes, direction le site de stockage allemand de Gorleben", a indiqué Yannick Rousselet chargé des questions nucléaires à Greenpeace France la semaine dernière.
Ce 12e et dernier "retour" de la Hague vers l'Allemagne est prévu "avant la fin de l'année", se contente de déclarer Areva sans plus de précisions.
Selon Greenpeace, les quantités de combustibles retraités sont les même que lors du dernier convoi parti de La Hague pour Gorleben en novembre 2010, soit 11 wagons de déchets vitrifiés "hautement radioactifs".
En 2010, s'ajoutaient trois wagons de force de l'ordre.
"En Allemagne, la mobilisation devrait être du même ordre" que celle, record, observée lors du convoi de 2010, a estimé Yannick Rousselet. Plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté outre-Rhin contre son arrivée. Un sit-in de 3 000 militants avait bloqué le train une nuit.
De source syndicale, 20 000 policiers avaient été mobilisés outre-Rhin. En 2010, le train, parti le 5 novembre de Valognes, était arrivé le 8 à son terminus ferroviaire en Allemagne avec un à deux jours de retard.