Ils plaident un "préjudice d'anxiété" lié à l'exposition à l'amiante.
L'affaire a été jugée une première fois devant les Prud'hommes de Cherbourg en janvier dernier. N'ayant pas obtenu gain de cause, les salariés ont été entendus ce jeudi matin par la Cour d'appel de Caen.
L'amiante fait des ravages dans le Nord-Cotentin. Toutes entreprises confondues, 2 000 victimes ont été enregistrées par les services sanitaires. Parmi les anciens salariés des CMN, 449 maladies ont été déclarées depuis 1997.
Le "préjudice d'anxiété" est un concept juridiquement mal défini, mais qui couvre une vraie réalité.
Ces dix hommes ont travaillé pour les CMN entre 21 et 34 ans. Ils ont été exposés à l'amiante et craignent de développer les maladies liées à cette matière comme les nombreuses personnes qu'ils côtoient quotidiennement et qu'ils voient souffrir et mourir.
Ils racontent leur hantise du résultat, chaque fois qu'ils passent un examen médical. La liste des victimes ne cessent de s'allonger dans leur entourage. Des hommes encore jeunes, 55 ans pour la plupart. Alors, la retraite, une vie nouvelle qui commence après les années au travail, ils n'osent pas y croire. Les études montrent que leur espérance de vie peut être réduite de dix ans à cause de l'amiante.
Même si ces dix salariés n'ont pas été exposés de la même manière aux poussières d'amiante, ils savent que le risque existait bel et bien et que la maladie peut se déclarer soudainement. La contamination est prouvée dès qu'il y a exposition.
La question porte donc sur la possibilité juridique de prendre en compte l'anxiété que ces hommes ressentent.
L'avocate des CMN répond de son côté que certains salariés ne développent pas la maladie. Pour elle, "le risque n'est pas indemnisable puisqu'il ne se réalisera peut-être pas".
En outre, elle s'étonne que les CMN soient poursuivies, alors que, selon elle, c'est l'État qui est responsable. "C'est lui qui a failli en autorisant des doses inadaptées. Les autorités de veille sanitaire n'ont pas fait leur travail" a-t-elle plaidé.
Quoi qu'il en soit, ces dix hommes réclament une indemnisation et souhaitent être recensés comme victimes de l'amiante.
La Cour d'appel de Caen a mis sa décision en délibéré au 28 septembre.