Il y a tout juste 10 ans, un attentat faisait 14 morts et 12 blessés à Karachi.
Ce matin du 8 mai 2002, un kamikaze faisait sauter une voiture bourrée d'explosifs contre le bus qu'empruntaient les salariés de DCN tous les matins. Ils étaient alors en mission sur un chantier de construction de sous-marins Agosta au Pakistan.Dix ans après, des familles de victimes, des survivants et des élus locaux se sont retrouvés ce mardi matin pour commémorer ce triste anniversaire avec l'espoir que l'élection de François Hollande le 6 mai facilite la manifestation de la vérité dans ce dossier.
Une centaine de personnes a participé à une cérémonie sobre et intime avec dépôts de gerbes et courte prise de parole du maire PS de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, à la Cité de la mer.
Un autre hommage a été rendu dans la matinée devant la plaque commémorative apposée
à l'arsenal de la DCNS, l'ancienne Direction des chantiers navals, pour qui travaillaient
les victimes.
Dix ans après les faits, et alors que deux informations judiciaires se poursuivent cahin-caha, les victimes attendent toujours que soient établies les causes de l'attentat, sur fond de soupçons de rétrocommissions pakistanaises lors de la campagne d'Edouard Balladur en 1995.
"Pendant cinq ans, l'Etat nous a caché la vérité. On a conscience d'avoir été trahis par notre pays, notre entreprise, notre drapeau", a déclaré l'un des représentants des rescapés, Gilles Sanson.
"On vient de subir avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy des entraves permanentes sur le dossier", a-t-il ajouté, rappelant que "le parquet a fait systématiquement appel de toutes les mesures qu'on a engagées".
Bernard Cazeneuve, également porte-parole de François Hollande pendant la campagne présidentielle, a souligné que "la vérité est pour l'Etat et ses pouvoirs constitués un devoir moral qui suppose que toutes les institutions de la République se mobilisent pour la rendre possible".
"Ces salariés accomplissaient pour le compte de l'Etat, et plus particulièrement pour les Chantiers navals, qui à l'époque étaient une administration centrale de l'Etat, une mission qui les a conduits à la mort", a-t-il rappelé.
Ce matin, il a annoncé aux familles des victimes qu'elles seraient prochainement reçues à l'Elysée par le nouveau président de la République.
"La décision prise par François Hollande de supprimer la Cour de justice de la République peut permettre de faciliter l'aboutissement des procédures en cours", a estimé Bernard Cazeneuve ce matin, tout en mettant en garde contre "toute forme d'instrumentalisation politique" et toute accusation "outrancière".
Selon lui, "les juges d'instruction indépendants qui enquêtent" (Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke pour le volet financier, Marc Trévidic pour l'attentat, ndlr) "doivent pouvoir aller au bout de leurs investigations sans que le parquet fasse systématiquement appel" de leurs ordonnances destinées à élargir l'instruction.
En outre, "cela suppose aussi que le secret de la Défense nationale soit levé sur la totalité des documents relatifs à cette affaire", a-t-il ajouté.
Vendredi, la Commission consultative du secret de la défense nationale s'est déclarée en faveur de la déclassification de 65 documents mais s'est dite défavorable à la déclassification de deux documents, et favorable à une déclassification partielle seulement de quatre autres.
Le même jour, les familles des victimes ont saisi la Cour européenne des droits de l'Homme pour contester que la déclassification d'un document secret défense appartienne au seul pouvoir exécutif, en France, selon leur avocat, Olivier Morice.
Notre reportage :
Cherbourg : commémoration du 10ème anniversaire... par france3bassenormandie_845