Claude Guéant relance la piste islamique

Une piste abandonnée par la justice depuis 2009.

En 2007 en effet, le dossier Karachi est confié au juge antiterroriste Marc Trévidic. Le magistrat réoriente alors l'enquête vers la thèse d'un attentat perpétré en représailles à l'arrêt du versement par Paris de commissions sur le contrat de vente de sous-marins Agosta au Pakistan en 1994.

"Pour le ministère de l'Intérieur, la piste privilégiée a toujours été la piste islamiste", a déclaré Claude Guéant au Forum Radio J, qui l'interrogeait sur les causes de l'attentat du 8 mai 2002 à Karachi dans lequel 15 personnes avaient trouvé la mort, dont 11 salariés de la Direction des constructions navales (DCN).


Entre 2002 et 2007, l'enquête conduite par l'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière était axée sur l'hypothèse d'une attaque-suicide commise dans la mégapole économique du Pakistan par des islamistes liés à Al-Qaïda.

Après avoir longtemps privilégié la thèse d'une attaque islamiste, l'enquête, confiée en 2007 au juge antiterroriste Marc Trévidic, s'est réorientée, en 2009, vers la piste financière liée aux commissions du contrat Agosta.


Dans le volet financier de l'enquête Karachi, les juges d'instruction Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire cherchent à savoir depuis novembre 2010 si des commissions versées dans le cadre du contrat Agosta, mais aussi d'un autre contrat, dit Sawari II (avec l'Arabie saoudite), ont pu donner lieu à des rétrocommissions illégales qui auraient servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.


Dès son arrivée à l'Elysée en mai 1995, Jacques Chirac avait ordonné une révision de ces contrats. Il avait fait stopper en 1996 les versements de commissions, légales jusqu'en 2000, en raison de soupçons de rétrocommissions interdites.

En juin 2010, le juge Trévidic avait confirmé devant les familles des victimes de l'attentat l'existence de "rétrocommissions illicites".

En janvier 2011, une source proche de l'enquête avait confié que la DGSE avait écarté, dès le jour de l'attentat de Karachi, la piste Al-Qaïda, évoquant une "piste financière" liée au contrat d'armement franco-pakistanais.

Interrogé par Radio J sur cette piste des commissions/rétrocommissions, Claude Guéant a répondu que le "ministère de l'Intérieur ne dispos(ait) d'aucun élément permettant d'accréditer cette thèse".


Le ministre de l'Intérieur et ancien secrétaire général de l'Elysée a répété que Nicolas Sarkozy (à l'époque ministre du Budget et porte-parole de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur) n'était en "rien concerné" par cette affaire Karachi.


Laissons la justice travailler", a-t-il martelé dénonçant un "climat détestable" et une "mise en cause scandaleuse" du président dans ce dossier dans lequel deux de ses proches, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, sont mis en examen.


Pour l'avocat des familles des victimes, Me Olivier Morice, "Claude Guéant se prend pour un juge d'instruction ! Il dit cela sans doute pour protéger l'ex-juge Bruguière".


Les familles ont déposé plainte en juin denrier contre le juge Bruguière pour "faux témoignage" et "entrave à la justice". Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire.

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