Jean-Claude Bossard, fer de lance des anti-THT, a démissionné de la mairie en juin.
De nouvelles élections sont donc organisées dans ce village de 310 habitants situé sur le parcours de la future ligne à Très Haute Tension Contentin-Maine (THT) qui doit transporter l'électricité produite par l'EPR de Flamanville.
Jean-Claude Bossard, 60 ans, était candidat Europe Ecologie-Les Verts aux dernières élections européennes et régionales. Depuis 7 ans, cet ancien boulanger-pâtissier est en croisade contre la THT faisant de la commune du Chefresne une des principales places fortes de la lutte contre la ligne en cours de construction.
A grands coups d'arrêtés municipaux, de recours en justice, de manifestations parfois musclées, d'annulation d'élections et d'occupation de bois, il n'a cessé de se battre contre le projet de ligne couplée au futur EPR de Flamanville.
En mars, son bois, dont une partie devra être rasée pour le passage de la ligne, est devenu le quartier général des opposants. Cabane dans les arbres, tentes avec panneaux de bois et tôles de récupération... Une centaine de personnes s'y sont relayées, riverains ou militants venus de toute la France.
Ils ne plieront bagage que devant l'arrivée des pelleteuses. Pacifiquement, assure-t-il. "Nous, on ne veut pas se battre. Je ne veux pas qu'à nouveau un parent m'appelle pour me dire "Mon fils a perdu un oeil"."
De guerre lasse, Jean-Claude Bossard a démissionné avec son conseil municipal en juin, énième étape du conflit entre Le Chefresne et la préfecture de la Manche autour de la ligne THT.
"Je ne regrette pas d'avoir démissionné, je ne peux pas jouer au football si l'arbitre est corrompu", soutient-il.
Le football, ici, est une métaphore du jeu démocratique. "La France se permet de donner des leçons de démocratie, mais quand il s'agit de nucléaire, il y a plein de dérogations aux règles", peste-t-il.
Il ajoute : "Naïvement, je croyais en la démocratie, mais depuis, j'ai fréquenté des élus qui m'ont dit "Prends l'argent et tais-toi"."
Ce qui rend l'ancien maire encore plus amer ? La toute première condamnation de deux militants anti-THT fin août.
Le tribunal correctionnel de Coutances a condamné un étudiant de 24 ans à trois mois de prison ferme pour "violence aggravée" sur deux gendarmes légèrement blessés lors d'une manifestation anti-THT le 24 juin à Montabot. Un leader de la Confédération paysanne a écopé lui d'une amende pour avoir dévissé des boulons d'un pylône en construction.
Selon le maire démissionnaire, "ça confirme ce qu'on savait déjà, la justice en France ne fonctionne plus. On a déposé 100 recours et on n'a jamais eu l'ombre d'un jugement favorable", regrette-t-il.
Lors des affrontements avec les forces de l'ordre, à l'origine de la condamnation de l'étudiant, les opposants ont dénombré 25 blessés dans leur camp, dont deux atteints à l'oeil.
Dimanche, les habitants du Chefresne devront élire leur nouvelle équipe municipale. Une seule liste en présence et un Jean-Claude Bossard qui ne se représnete pas... Mais le combat continue !
Notre reportage :
Elections municipales au Chefresne (50) dimanche... par france3bassenormandie_845