Notre spécialiste politique Philippe Goudé nous livre sa vision des résultats de ce second tour de la présidentielle.
Le deuxième tour de l’élection présidentielle confirme les résultats du premier tour dans les deux départements de notre région. Ce que les sondages avaient annoncé, à l’échelle nationale, s’est révélé exact dans l’ensemble.
Soit un taux de participation un peu plus élevé que le 22 avril dernier et une victoire franche de François Hollande dans un rapport de force qui se situe entre 52 % pour le vainqueur et 48% pour son adversaire.
En Haute-Normandie, comme au premier tour, on a nettement voté en faveur de François Hollande. En Seine-Maritime, en particulier, où les forces de gauche se sont réunies sans faille, avec des scores particulièrement éloquents au Petit Quevilly par exemple (67,26 – 32,74), Dieppe (58,64 – 41,36) ou encore le Grand Quevilly (67,53 – 32,47), sans oublier les 2 grandes villes du département : Le Havre (58,63 – 41,37) et Rouen (59,40 – 40,60).
Dans l’Eure, le Président sortant arrive en tête avec 52,45% des suffrages exprimés contre 47,55% pour François Hollande. Avec cependant de bons résultats pour le nouveau Président (70,56% au Val de Reuil et 56,36% à Evreux), alors que Nicolas Sarkozy fait mieux que résister en étant en tête à Vernon, aux Andelys ou à Damville, des places fortes traditionnelles de la droite.
Ces résultats sont logiques compte tenu de ceux du premier tour, d’où il ressort que visiblement les partisans de Marine Le Pen n’ont pas toujours suivi les consignes de la Présidente du Front National, en votant, surtout dans l’Eure en faveur du Président sortant, contrairement au Département de la Seine-Maritime. En particulier dans les fiefs locaux du Parti Communiste, notamment sur la côte de la Manche (au Havre, à Dieppe et au Tréport) où, parfois Marine Le Pen était arrivée devant Jean-Luc Mélenchon.
Quelles conséquences pour les législatives ?
Si l’on considère les résultats bruts de ce deuxième tour dans chaque circonscription, la gauche aujourd’hui serait en passe de réaliser un quasi grand chelem en Seine-Maritime, François Hollande étant arrivé en tête dans 9 des 10 circonscriptions de ce département (excepté la 2ème). Contrairement au département de l’Eure où c’est Nicolas Sarkozy qui l’a emporté dans 4 circonscriptions sur 5 (Les 1ère, 2ème, 4ème et 5ème).
Il serait prématuré pour les supporters des 2 camps et leurs candidats de « tirer des plans sur la comète électorale » de notre région. Plusieurs réalités restent plus que jamais d’actualité. Une majorité de Français ont autant, sinon plus, voulu « sortir le sortant » que de donner une victoire à la gauche dont on connaît les divergences de vues. Le projet de 6ème république pour les partisans du Front de Gauche face à la sociale démocratie annoncée par François Hollande. Les divergences plus que profondes entre le vainqueur de ce soir et ses « alliés » d’Europe Ecologie Les Verts, dont l’accord avec Martine Aubry a été dénoncé par François Hollande lors du grand débat du 2 mai dernier. En particulier sur le démantèlement progressif du parc de centrales nucléaires françaises, excepté celle de Fessenheim… en 2017.
N’oublions enfin, deux éléments à prendre en compte : la plus faible participation lors des élections législatives par rapport aux élections présidentielles sous la cinquième République. Ce qui, quels que soient les scores des représentants de Marine Le Pen rend difficile leur capacité à se maintenir au deuxième tour le 17 juin prochain dans les proportions qu’ils annoncent. Rappelons en effet qu’il faut atteindre le niveau de 12,5% des inscrits pour rester qualifié au 2ème tour.
Par ailleurs, il faut tenir compte du poids des élus locaux. Députés sortants qui vont vendre chèrement leurs sièges, et leurs outsiders qui préparent depuis longtemps le combat qu’ils vont mener. Des surprises sont à attendre dans les deux camps sauf, sans doute dans les bastions de gauche ou de droite, que le dernier redécoupage électoral a renforcés en Seine Maritime.
Reste enfin, deux réalités politiques qui peuvent encore fluctuer durant le mois qui nous sépare ce soir du premier tour des élections législatives : la tendance légitimiste des Français à donner une majorité parlementaire au Président élu, et la réaction de ces mêmes électeurs par rapport aux premières décisions qui seront prises par le nouveau Président de la République. En commençant par la nomination de son Premier Ministre puis de ses ministres parmi lesquels Valérie Founeyron, le Maire de Rouen, ou Laurent Fabius, le Président de la CREA pourraient bien faire parti…