La bataille de la contractualisation s'engage

Bruno Le Maire, en visite au Space à Rennes, se réjouit de l'avancement des négociations entre éleveurs et industriels.

En meilleure santé grâce à la remontée des prix, la filière laitière est pourtant de nouveau en ébullition : au coeur des débats, les négociations sur les contrats qui vont lier producteurs et industriels, alors que le secteur s'apprête à tourner la page des quotas laitiers.

A l'occasion de sa visite ce mardi au Salon international de l'élevage (Space) à
Rennes, le ministre de l'Agriculture a souligné son attachement à la contractualisation, un sujet qui soulève pourtant bien des inquiétudes chez les éleveurs. 


"Je suis très favorable à ce que les producteurs de lait puissent se regrouper à plusieurs milliers pour négocier les prix du lait avec les grands industriels", a-t-il rappelé lors de l'inauguration du salon, soulignant que l'Etat ne "cédera pas" sur cette initiative, "garantie de stabilité" selon lui.


La fin des quotas laitiers en 2015 est une vraie révolution pour les producteurs qui, pendant une trentaine d'années, ont bénéficié d'une gestion administrative de la production où chacun se voyait fixer un volume à produire qu'il ne devait pas dépasser.


Pour anticiper cette nouvelle ère économique, le gouvernement a imposé la signature d'un contrat entre les entreprises, du type Danone, Lactalis, Bel ou encore Bongrain et leurs fournisseurs que sont les producteurs de lait.

L'objectif est de sécuriser les revenus des paysans, secoués en 2009 et 2010 par des crises à répétition en raison d'une baisse des prix du lait.


En avril, Bruno Le Maire a jugé "inacceptables" les premières propositions faites aux éleveurs et a enjoint les industriels de mettre sur la table des contrats "justes et équitables".


Depuis, le processus de négociations s'est enclenché. La fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), branche spécialisée de la FNSEA, le syndicat majoritaire,
a affirmé que les discussions "avançaient dans le bon sens".


La FNPL s'est toujours dite favorable aux contrats mais à la condition qu'ils soient négociés collectivement. Le syndicat a donc travaillé au regroupement des producteurs au sein d'organisations collectives, mieux à même de peser face aux industriels.

Tout seul, l'éleveur n'est rien face à Lactalis. 


Des réunions ont eu lieu avec Lactalis, premier collecteur de lait en France, 15 000 producteurs, mais les négociations achoppent notamment sur le rôle des organisations de producteurs (OP), le numéro un français préférant traiter en direct avec l'éleveur.


Lactalis maintient la pression en fixant une date-butoir au 30 septembre. Les producteurs demandent, eux, qu'on leur laisse encore le temps pour négocier.


La FNPL a appelé les éleveurs à ne pas "céder aux pressions diverses sur des délais imposés par certaines entreprises". Gilles Psalmon, son directeur, prévient même que si Lactalis refuse de reconnaître les organisations de producteurs, celles-ci "n'appelleront pas à signer les contrats".

Les organisations minoritaires, opposées à la FNPL, ont présenté ce mardi de leur côté leur propre contrat.


La Confédération paysanne, l'Organisation des producteurs de lait (OPL) et l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) proposent la création d'une seule organisation de producteurs (OP) au niveau national, France Milk Board, et non pas une OP par entreprise.

En outre, le calcul du prix du lait se ferait en fonction des coûts de revient du producteur. A titre d'exemple, le prix actuel avoisinerait 412 euros les 1 000 litres, contre environ 350-355 euros payés aujourd'hui.

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