La coquille Saint-Jacques de la Baie de Seine s'est bien vendue cet hiver. Mais le gasoil n'a jamais été aussi cher.
Sur le quai de Port en Bessin, le sujet est manifestement sensible. Un patron pêcheur s'agace : "A quoi ça sert d'en parler, ça va rien changer ? Vous voulez savoir ?; dit-il en se tournant vers un de ses matelots. Vous voulez que je vous dise combien il va perdre sur son salaire cette année ?"
Un peu plus loin, le Santa-Maria débarque les dernières coquilles pêchées en Baie de Seine. "Au mois de décembre, ça collait, les cours étaient pas mal, explique le patron. Mais là, on se tape des heures, la coquille a baissé. Plus on mange de fioul, moins ça fait de bénéfices. L'équipage aussi a sa part de fioul. Plus le fioul augmente, plus la paie diminue".
La campagne s'est achevée ce jeudi 15 mars à 15 heures. Cette année, la coquille s'est encore bien vendue. Selon l'Organisation des Producteurs de Basse-Normandie, le prix moyen a augmenté de 8 à 9 % par rapport à la campagne précédente. Cette Saint-Jacques de qualité présente surtout l'avantage de pousser juste devant la côte. Les 200 bateaux qui exploitent le gisement n'ont pas trop de route à faire, ce qui est d'autant plus intéressant quand le prix du gasoil est élevé.
Cette semaine, le carburant détaxé a atteint des prix records "Je l'ai payé 75 centimes, précise le patron du Santa-Maria. deux fois plus que l'année dernière où on le trouvait déjà cher, ajoute-t-il, dépité. Quand on fait la Baie de Seine, à raison de douze heures par jour, ça coûte entre 1600 et 1800 euros par semaine ! Et encore, j'ai un petit bateau..."
Quand la campagne de pêche en Baie de Seine se termine, les plus grosses unités vont pêcher la Saint-Jacques au large. "Pas cette année tranche un pêcheur. Au prix où elle est arrivée, vu le prix du gasoil, ça ne vaut pas le coup de faire la route. Je vais faire armer le bateau pour le poisson".
"Là, on va faire la Sole, renchérit Bruno Michel du Santa-Maria. Une heure trente de route. Et il est encore tôt dans la saison, je ne sais pas ce qu'on va trouver... On va s'appliquer." Et d'ajouter : "Je ne sais pas ce qu'on peut faire. En 2000, on avait tout bloqué pendant quinze jours parce qu'on était arrivé à 30 centimes le litre. Là, il flambe à 75 centimes, et on ne dit rien!"
Fin de la campagne de pêche à la Saint-Jacques... par france3bassenormandie_845