La ligne à très haute tension commence à être construite malgré les recours déposés devant le Conseil d'Etat.
video titleLongue de 163 km, la ligne THT Cotentin-Maine qui doit acheminer l'électricité produite par le futur EPR de Flamanville comptera 420 pylônes. Sa mise en service est prévue pour la fin de l'année.
Coût de ce chantier exceptionnel : 350 millions d'euros.
"Les travaux d'aménagement des accès ont démarré fin décembre. Là, nous sommes dans les fondations des pylônes", expliquait mardi 17 janvier Jean-Michel Ehlinger, directeur de l'aménagement de la ligne THT chez RTE, la filiale d'EDF qui gère les lignes.
Le premier pylône devrait être levé aux alentours du 15 février. 40 entreprises et 800 à 900 salariés seront mobilisés au plus fort de l'activité.
C'est que la construction de cette ligne à très haute tension est l'un des plus gros chantiers jamais menés par RTE, Réseau transport d'électricité.
Une quarantaine de chantiers parallèles sont en cours dans trois des départements concernés, Manche, Calvados, Mayenne et le permis de construire est imminent en Ille-et-Vilaine.
Pour la construction de cette ligne, RTE a proposé, pour la première fois en France, de racheter les maisons des riverains se trouvant dans la bande des 100 mètres de part et d'autre de la future THT. Sur 135 habitations concernées, une soixantaine ont été rachetées ou sont en cours de rachat, pour des montants de 20/25 000 euros à 700 000 euros (pour un petit manoir), selon RTE.
"85% des propriétaires concernés par les pylônes ou les surplombs ont signé un accord à l'amiable. Dans les 15% restant, il y a ceux qui ne veulent pas, ceux qu'on ne trouve pas, ou des terrains en cours de remembrement", a souligné M. Ehlinger.
En cas de refus, une mise en servitude est de toute façon décidée par le préfet.
Mais pour Jean-Claude Bossard, maire du Chesfrene, haut-lieu de la résistance anti-THT dans la Manche, et coordinateur interrégional d'un collectif d'élus opposés à la THT, ces chiffres sont faux.
"Depuis l'automne, j'ai trois à quatre appels par semaine de gens qui veulent savoir comment réagir face aux pressions de RTE pour les faire signer", a affirmé l'ancien candidat Europe Ecologie-Les Verts (EELV) aux élections régionales. RTE dément de son côté toute pression.
Une retraitée de Saint-Martin d'Aubigny, dans la Manche, a porté plainte contre RTE pour extorsion de signature à personne vulnérable et une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d'Alençon.
Après de multiples et vains recours en justice, la THT fait encore l'objet de six recours devant le Conseil d'Etat, selon RTE. La fronde anti-THT n'est donc pas calmée même si le chantier démarre.
L'un de ces recours a été déposé par le député UMP Pierre Méhaignerie en personne au nom de la communauté de communes de Vitré en Ille-et-Vilaine que préside l'ancien garde des Sceaux.
Les opposants à la THT ainsi que de nombreux élus de Basse-Normandie réclament pour leur part une étude épidémiologique sur les effets sur la santé des ondes émises par ses lignes, avant sa mise en service prévue fin 2012.
D'autres recours contre les permis de construire devraient être déposés devant le tribunal administratif de Caen dans les porchains jours.
