L'enseignante au lycée Gustave Flaubert à Rouen est suspendue provisoirement.
Une minute de silence qui n'a pas eu lieu mais qui a fait grand bruit toute cette journée de vendredi. Revenons sur les faits.
Voir le reportage ci-dessous de Emmanuelle Partouche et Bruno Belamri
Minute de silence en la mémoire de Mohamed... par France3Haute-Normandie
Vendredi matin à 8 heures, une enseignante d'anglais au lyçée Gustave Flaubert de Rouen, évoque devant une classe de Terminale S la possibilité de faire une minute de silence en mémoire de Mohamed Merah, auteur de 7 meurtres à Toulouse et Montauban, dans le cadre d'un cours sur les minorités.
Une majorité de lycéens, choquée par ces propos, quitte alors la salle de classe et les délégués écrivent aussitôt une lettre à leur chef d'établissement.
"Mohamed Merah était une victime"
Selon les élèves de Terminale, l'enseignante "a clairement dit que Mohamed Merah était une victime, que le lien avec Al-Qaïda avait été inventé par les médias et "Sarko". Elle a ajouté qu'il serait possible de faire une minute de silence pour cette "victime".
"Voyant que nous étions en désaccord, elle nous a dit que nous devrions sortir,
ce que 16 élèves sur une petite vingtaine ont fait, les autres sont restés en essayant de comprendre ses propos", ont-ils ajouté dans la lettre.
Condamnation de Luc Chatel
Cette lettre remonte alors aussitôt au ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Ce dernier demande au recteur de Rouen de la "suspendre immédiatement".
En "condamnant sans réserve", dans un communiqué, "ce comportement inqualifiable". "Cet acte isolé", selon le ministre, "ne saurait occulter la dignité dont a fait preuve l'institution scolaire tout au long de la semaine".
L'enseignante suspendue à titre conservatoire
La professeure d'anglais a été reçue par le rectorat. "Il a été décidé la suspension immédiate avec interdiction de pénétrer dans le lycée (...) C'est une suspension conservatoire qui ne juge pas sur le fond", a déclaré au cours d'un point-presse à Rouen Florence Robine, rectrice d'académie.
"Ce professeur m'est apparue comme assez perturbée et fragile. C'est une personne qui découvre petit à petit la gravité de ce qui s'est passé", a-t-elle poursuivi.
L'enseignante a 30 ans de métiers et a toujours eu des notations positives, d'après le rectorat.
Des "maladresses regrettables" d'une professeure fragile psychologiquement selon ses collègues
"Ce n'est pas du tout un acte politique d'une extrémiste, mais d'une collègue qui a des soucis de santé, qui est fragile et qui fait l'objet d'un suivi psychologique", a indiqué le secrétaire SGEN-CFDT de Haute-Normandie, Pascal Bossuyt.
"La fragilité de notre collègue était connue par les services du rectorat. Dans ces circonstances, nous pensons qu'elle doit bénéficier de la protection et de l'accompagnement de son administration", selon le communiqué commun des enseignants du lycée.
Voir l'interview de Eric Puren, Secrétaire Fédéral SNES/FSU Rouen. Il a accompagné sa collègue au rectorat.
Enseignante rouennaise suspendue, ses collègues... par France3Haute-Normandie