Condamné en première instance à 18 ans de réclusion criminelle, l'ex-combattant de l'organisation Etat islamique (EI) Jonathan Geffroy, originaire de Toulouse, qui se présente comme un "repenti" du jihadisme comparaît en appel devant la cour d'assises spéciale de Paris à partir de ce lundi 15 janvier 2024.
Condamné en première instance à 18 ans de prison, Jonathan Geffroy doit être jugé aux côtés de son épouse marocaine Latifa Chadli qui comparaît libre après avoir écopé en première instance de cinq ans de prison dont trois assortis d'un sursis probatoire. Ils sont tous deux jugés pour association de malfaiteurs terroriste et abandon de mineurs.
Comme en première instance, la cour d'assises spéciale devra déterminer si Jonathan Geffroy est véritablement un jihadiste repenti ainsi qu'il le prétend ou un "opportuniste" qui a "adhéré sans réserve aux combats de l'EI y compris aux attentats en Europe" comme l'affirme le Parquet national antiterroriste (Pnat).
De Merah aux frères Clain, la filière toulousaine
Originaire de Toulouse, Jonathan Geffroy, 41 ans, s'est converti assez jeune à l'islam se radicalisant rapidement et effectuant de nombreux séjours en Egypte où il rencontrera notamment Abdelkader Merah, le frère de Mohamed Merah qui assassina en 2012 à Toulouse et Montauban, trois militaires ainsi que trois enfants et un enseignant juifs. En 2013, Jonathan Geffroy s'installe au Maroc avec sa première épouse qu'il quitte pour se marier avec Latifa Chadli. Le couple quitte le royaume pour s'installer en Egypte en février 2014. Malgré la naissance d'un enfant en novembre 2014, Jonathan Geffroy et Latifa Chadli rejoignent en février 2015 la Syrie où ils sont aussitôt pris en charge par l'EI.
Lui prétend être parti sur zone pour faire "de l'humanitaire". Selon l'accusation, Jonathan Geffroy a servi dans les rangs de la katiba (brigade) Anwar al-Awlaki, un détachement de l'EI regroupant quelques dizaines de Français dont les frères Jean-Michel et Fabien Clain, deux responsables de la propagande de l'EI, qui revendiqueront notamment les attentats du 13 novembre 2015 en France. Il combattra également à Ramadi en Irak dans les rangs de la katiba d'élite Tariq Ibn Zyad, dont ont fait partie notamment les assaillants du Bataclan.
L'État islamique "sur un piédestal"
En première instance, Jonathan Geffroy a reconnu avoir mis l'EI "sur un piédestal" avant de déchanter après l'attentat de Nice le 14 juillet 2016. En novembre 2016, il contacte lui-même la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis un cybercafé de Raqqa. Il cherche à fuir. Il sera finalement capturé début 2017 par l'Armée syrienne libre (ASL). Le couple et leurs deux enfants sont remis aux autorités françaises en septembre 2017. Jonathan Geffroy choisit de parler aux enquêteurs. Il révèle notamment que l'EI envisageait d'envoyer des enfants-soldats en Europe. "Il ne nous a pas spécialement appris quelque chose de nouveau", avait balayé une enquêtrice de la DGSI en première instance. Le procès est prévu jusqu'au 19 janvier 2024.