La résistante normande, déportée à Ravensbrück pour faits de résistance, est décédée dimanche à l'âge de 89 ans.
De son nom d'épouse, Monique Corblet de Fallerans, elle était la fille de Philippe Livry-Level, député du Calvados décédé en 1960, Compagnon de la Libération, aviateur de la France Libre dans la RAF, qui fut l'un des pilotes français les plus décorés (grand croix de la Légion d'honneur et Croix de guerre 1939-1945 avec 11 citations, notamment).
Alors que son père était en Angleterre, Monique Livry-Level se trouvait dans le château familial d'Audrieu dans le Calvados, entre Caen et Bayeux, lors du débarquement allié de juin 1944.
Le château était occupé par des éléments de la 12e division blindée SS Hitlerjugend qui exécutèrent dans le parc une vingtaine de soldats canadiens faits prisonniers.
Le 12 juillet 1944, la jeune femme fut arrêtée alors qu'elle traversait les lignes allemandes pour transmettre des renseignements aux armées alliés. Emprisonnée à Caen, elle fut épargnée par le responsable local de la Gestapo, un grand criminel qui a tué ou fait exécuter des dizaines de Résistants mais épargnant une femme : Monique Livry-Level, emprisonnée au château des Ducs à Alençon puis déportée.
Elle fut envoyée à Ravensbrück par le dernier train de déportés du 17 août 1944 depuis Compiègne.
Après Ravensbrück, Monique Livry-Level fut transférée dans plusieurs autres camps de travail forcé, dont celui de Torgau. Elle parvint à s'enfuir lors d'une "marche de la mort" (évacuation de camp à pied) en avril 1945 devant l'avance de l'Armée Rouge.
Elle avait raconté dans le livre "Voyage nocturne au bout du parc, d'Audrieu à Ravensbrück" (éditions Heimdal, 1994) cette période durant laquelle elle fut l'une des premières femmes françaises à être libérées par les Alliés sur le front de Normandie et l'une des dernières Françaises libérées par les Russes en Allemagne.
Monique Livry-Level avait été promue commandeur de la Légion d'honneur en mai 2010. Elle était décorée de la Croix de guerre 1939-1945 et de la décoration britannique King's medal for courage.
Elle s'est éteinte à l'hôpital de Bayeux. Ses obsèques religieuses seront célébrées samedi prochain, le 21 avril, en l’église Saint-Pierre de Tour-en-Bessin où elle résidait.
Portrait de Monique Corblet par france3bassenormandie_845 Article publié le 18/04/2012 à 12:54 mis à jour à 16h55