Ouverture du procès du Mediator à Nanterre

En Basse-Normandie, près de 500 personnes, victimes du médicament se sont regroupées en associations.

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Elles vont suivre très attentivement le procès fleuve qui s'est ouvert ce lundi matin au tribunal correctionnel de Nanterre, un an et demi après l'éclatement du scandale du Mediator, ce médicament des laboratoires Servier, accusé d'avoir tué entre 500 et 2 000 personnes en France.

Et les Laboratoires Servier ont lancé ce lundi une féroce bataille procédurale pour faire reporter le premier procès pénal du Mediator.

En costume trois pièces sombre, les bras croisés, Jacques Servier, 90 ans, "combatif et responsable", selon son avocat Hervé Témime, a pris place sur le banc des prévenus à l'ouverture du procès, sans faire de déclaration à la presse.

Les parties civiles ont découvert un homme âgé qui se déplace avec difficulté et répondant d'une voix éraillée à la barre. Une attitude qui tranche avec l'énergie de son avocat, Me Témime.

Ce dernier entend contester les citations directes pour "tromperie aggravée" qui ont permis la tenue de ce procès sans précédent.

"Les Laboratoires Servier sont conscients de leur responsabilité face aux consommateurs" mais après "la lapidation médiatique sans précédent", "nous sommes heureux de nous adresser à des juges qui sont là pour appliquer la loi, sans aucun scrupule ni violence", a affirmé Me Témime.

"Les prévenus, dont Jacques Servier, sont amenés à devoir comparaître (à Nanterre, ndlr) pour des faits (pour lesquels) ils ont été mis en examen au pôle santé de Paris (...) Comment Jacques Servier accepterait d'être jugé sur citation directe dans un procès tronqué. Cette situation est insupportable", a-t-il affirmé.

En septembre, Jacques Servier et six sociétés du groupe avaient été mis en examen notamment pour tromperie par les juges d'instruction de Paris.

Critiquant les avocats des parties civiles "boursouflés par la pression médiatique", l'avocat de Servier entend soulever deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) ainsi que plusieurs points de droit, susceptibles d'entraîner un renvoi de ce procès.

Face à Jacques Servier, qui porte la légion d'Honneur cousue sur sa veste, "les victimes veulent une condamnation exemplaire des Laboratoires Servier et attendent de la compassion. Depuis des années, les laboratoires connaissent sa toxicité", a affirmé l'un de leurs avocats, Me Charles-Joseph Oudin.

Plus de 600 personnes demandent réparation à Jacques Servier et aux Laboratoires éponymes, devant le tribunal correctionnel de Nanterre, sans attendre l'instruction menée au pôle santé du parquet de Paris sur les mêmes faits.

Les parties civiles ont misé sur une procédure rapide, une citation directe pour "tromperie aggravée" dans laquelle leur revient la lourde tâche d'apporter les preuves, sans avoir accès aux investigations parisiennes.

La justice a promis en mars de clore l'enquête d'ici décembre.

Les plaignants reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés sur la composition du Mediator en ne les informant pas de "la nature anorexigène" de son principe actif, le Benfluorex, alors que ce dernier diffuserait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine.

Le Mediator, largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1976 à 2009, est soupçonné d'avoir causé au moins 500 morts en 30 ans voire 1 000 à 2 000 selon d'autres estimations.

L'annonce de ces estimations par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en novembre 2010 avait créé une onde de choc dans le système français du médicament, conduisant au vote en décembre 2010 d'une réforme renforçant le contrôle des produits de santé.

Jacques Servier et quatre ex-cadres de Servier et de Biopharma qui a commercialisé le Mediator encourent 4 ans de prison et une amende de 37 500 euros, Servier et Biopharma une amende de 150 000 euros ainsi qu'une interdiction d'exercer.


>> A voir, ce soir dans notre 19/20, le reportage de Laurent Marvyle et Florine Ebbhah auprès de la trésorière de l'Association des victimes du Mediator (ADVM) de Lisieux, créée en janvier 2011. (Lire ici)

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