Les incidents à la centrale de Penly sont terminés mais suscitent un vif débat dans la classe politique.
EDF a annoncé vendredi "un retour à la normale" sur le circuit de refroidissement du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Penly (76), après un "incident" classé provisoirement de niveau 1 par l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) qui a conduit à l'arrêt du réacteur.
Le réacteur a continué à refroidir toute la nuit et devrait être en "arrêt à froid" (permettant une intervention sur le circuit primaire de refroidissement) "peut-être ce soir" ou un peu plus tard dans le week-end, a expliqué Dominique Minière, directeur du parc nucléaire d'EDF.
A l'origine de l'arrêt automatique du réacteur: l'incendie de deux flaques d'huile, qui a précédé une fuite d'eau "sur un joint" de la pompe de refroidissement. Une eau radioactive a été "collectée dans des réservoirs prévus à cet effet (...) à l'intérieur du bâtiment réacteur", a précisé EDF, en assurant que l'incident n'avait eu eu "aucune conséquence sur l'environnement".
De son côté, l'ASN a "provisoirement" classé l'événement en niveau 1 sur l'échelle
Ines (échelle internationale des événements nucléaires), qui en compte 7, le 1 étant le moins grave.
L'Autorité, qui a envoyé une mission d'inspection sur place vendredi, a précisé que le redémarrage du réacteur serait soumis à son autorisation.
Eva Joly, candidate Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à l'Elysée, a demandé "la plus grande transparence et le plus grand sérieux" sur cette affaire.
"Les pro-nucléaires nous présentent une technologie high-tech et complètement contrôlée", mais "ces incidents donnent plutôt le sentiment d'une plomberie vétuste", accuse-t-elle, soulignant également "qu'un capteur défaillant a provoqué l'arrêt du réacteur numéro 2 de Saint-Laurent" (Loir-et-Cher).
"Une fois de plus, j'attends du gouvernement qu'il garantisse toute la transparence sur les événements de Penly", conclut Mme Joly.
La secrétaire nationale d'EELV, Cécile Duflot, a regretté un "incident très sérieux", mais "ce n'est pas une catastrophe". "Il y a un manque de transparence autour du nucléaire", a déclaré l'élue francilienne. S'il devait se passer la même chose à Penly qu'à Fukushima, "ça veut dire qu'il n'y a plus de Dieppe, qu'il n'y a plus d'habitants au Tréport pendant des centaines d'années", a-t-elle averti.
Interrogé en marge d'un déplacement à Vaulx-en-Velin (Rhône) François Hollande, candidat PS à la présidentielle, a évoqué "un incident". "Je n'utilise pas un incident pour défendre un point de vue", a déclaré le député de Corrèze. "Je ne change pas non plus de position en fonction d'un certain nombre d'événements, c'est ce quime distingue du candidat sortant", a-t-il ajouté.
A Penly, les diagnostics et réparations sur le réacteur pourraient commencer à partir de ce week-end, lorsque la pression atmosphérique du circuit primaire aura été ramenée à 1 bar, selon EDF.Tôt dans la matinée, la pression avait déjà été ramenée à 28 bars, contre 155 en fonctionnement normal du réacteur.
La centrale pourrait rester à l'arrêt pendant 4, 5 ou 6 jours, voire jusqu'à une dizaine de jours. Ce "sont des opérations que l'on connaît, ce ne sont pas des opérations exceptionnelles", a précisé M. Minière. "On ne redémarra pas avant qu'on ait compris ce qui s'est passé dans le détail".
Fuite à la centrale de Penly
Fuite centrale de Penly par France3Haute-Normandie