La firme au losange a inauguré sa nouvelle usine à Tanger, au Maroc. Les syndicats sont inquiets.
Renault a inauguré jeudi au Maroc son usine géante, base "low cost" aux portes de l'Europe et tête de pont vers l'Afrique, qui ravive en France une polémique sur les délocalisations, attisée par l'approche de l'élection présidentielle. Car l'usine est dédiée à la fabrication de monospaces low cost, ce qui alarme les syndicats de Sandouville.
Le groupe bénéficie au Maroc de nombreux avantages de la zone franche (exonération
de l'impôt sur les sociétés pendant cinq ans, pas de taxe d'exportation, formalités douanières accélérées) où une dizaine d'équipementiers sont implantés. Mais sa discrétion sur la destination des véhicules relance la polémique en France.
Les syndicats craignent que la production, exportée à 85%, ne fasse concurrence à deux modèles fabriqués dans l'Hexagone, le monospace Scénic et l'utilitaire Kangoo.
Les politiques, eux, tombent à bras raccourcis sur le constructeur, détenu à 15% par l'Etat, alors que la désindustrialisation du pays s'est imposée comme un thème majeur de la campagne pour la présidentielle d'avril-mai.
L'ex-ministre de l'Industrie de droite Christian Estrosi a accusé Renaultde faire "du dumping social au Maroc", un choix "dangereux et insoutenable". Implanter une usine low cost à Tanger "n'est pas de la délocalisation" car de tels véhicules ne peuvent pas être produits en France, a répondu M. Ghosn. "Je ne pense pas que nous sacrifions l'emploi en France", a-t-il insisté.
Il a rappelé que Renault va investir dans ses usines françaises de Douai (Nord) et Cléon (Seine-Maritime). "Malgré le fait que nous créons des usines à l'étranger, il y a quand même 40% des investissements industriels qui continuent à être faits en France", a-t-il martelé.