Mgr Jacques Habert a visité l'usine Le Chameau cette semaine au moment où l'Eglise critique les dérives de l'économie.
Ce n'était peut-être pas un hasard : l'évêque du diocèse de Sée a entamé sa visite pastorale dans le bocage nord de l'Orne par l'usine Le Chameau à Cahan. Jusqu'au 13 juin, Mgr Habert a décidé d'aller au devant des habitants de ce secteur : les fidèles, mais aussi les élus et les représentants du monde du travail.
L'Eglise pense avoir son mot à dire. "Elle n'a pas de solution économique, elle ne propose pas un plan politique pour résoudre les questions économiques et sociales liées à la crise, précise Mgr Habert. Mais l'Eglise veut être comme une parole qui peut-être parfois prend de la hauteur pour essayer de rappeler à chacun ses responsabilités."
Reportage de J-P Bonnefon et D. Migniau
Un évêque à l'usine par france3bassenormandie_845
L'Eglise s'invite dans le débat politique
Comme les autres évêques de France, Mgr Habert plaide pour que l'économie remette "l'homme à sa place", fidèle aux valeurs de respect de l'individu prônées par l'Eglise catholique. Il y a quelques jours, c'est l'évêque de Quimper qui s'était fendu d'un communiqué pour s'inquiéter des conséquences de la chute du groupe Doux. "Plusieurs centaines d'emplois sont menacés" écrivait Mgr Le Vert. Et de souhaiter que le sauvetage du groupe agro-alimentaire puisse s'inspirer de la "Doctrine Sociale de l'Eglise" afin de "sauver les emplois et l'outil de travail".
"Evidemment, ça peut poser des questions à des gens, admet le père Christy, curé à Athis de l'Orne. Qu'est-ce qu'ils viennent faire dans l'économie ? De quoi ils se mêlent ? Mais l'Evangile atteint la vie des gens".
Cette semaine, c'est l'archevêque de Rouen qui y est allé de son couplet en adressant ses "voeux" à tous les candidats aux législatives. Mgr Descubes dresse un inventaire de mesures qu'ils souhaiterait voir reprises par les élus. "Nous pensons qu'il est particulièrement urgent de consolider socialement les familles, de porter une attention particulière à l'éducation et à la réforme de l'économie" écrit-il.
L'archevêque de Rouen prône lui aussi une humanisation de l'économie, une meilleure "anticipation" des reconversions industrielles, un "encadrement" des marchés et des banques d'affaires, et un "réel crédit" accordé au dialogue social. Un vrai programme politique...