"Je n'ai que des réponses négatives !" Ces élèves de seconde ne trouvent pas le stage de deux semaines voulu par Gabriel Attal

Tous les élèves de seconde générale et technologique sont censés être en stage en entreprise du 17 au 28 juin 2024, pour les aider dans leur choix d'orientation. Le dispositif concerne 25 685 jeunes dans l'académie de Normandie, mais nombre d'entre eux n'ont pas encore trouvé d'établissements pour les accueillir.

Zoé est élève au lycée Marie-Curie de Vire Normandie, en classe de seconde. Ce stage obligatoire lui semblait une bonne façon de mettre un pied dans l'univers dans lequel elle rêve de travailler plus tard.

"Quitte à faire un stage, je souhaitais le faire dans un domaine qui me plaît, la photographie et le cinéma, mais pour l'instant je n'ai rien trouvé", se désole la jeune femme.

L'idée était pourtant intéressante. Pour affiner leur projet d'orientation, les élèves de seconde générale et technologique sont appelés à trouver une entreprise qui les accueille pendant 10 jours, pour leur faire découvrir leur fonctionnement.

Cette séquence d’observation en milieu professionnel se déroule pour tous les lycéens français en fin d'année scolaire, du 17 au 28 juin 2024. 500 000 élèves sont potentiellement intéressés par cette opération. Dans l'académie de Normandie, ce dispositif va concerner 25 685 jeunes répartis dans les établissements publics et privés sous contrat.

"Les entreprises n'ont pas le temps de s'occuper de nous"

Le ministère de l'Education nationale y voit un double intérêt : aider les lycéens à choisir leur voie, et occuper ce mois de juin en jachère pour les étudiants qui ne passent pas encore le bac. "Reconquérir le mois de juin", indiquait Gabriel Attal lors de la présentation du dispositif.

Le stage d'observation peut être réalisé dans une entreprise, une association, une administration, un établissement public ou une collectivité territoriale. Il vise à aider les élèves à mieux connaître le milieu professionnel, et à renforcer leur ambition scolaire.

Mais les entreprises ne sont pas si nombreuses à pouvoir prendre en charge pendant 10 jours un jeune de 15 ou 16 ans, aux ambitions floues.

J'ai appelé une vingtaine de photographes et de salles de cinéma autour de chez moi, ainsi que des théâtres du côté de Vire et Villers Bocage. La plupart m'ont dit non car ils n'ont pas le temps de s'occuper de moi. C'est la saison des mariages, les photographes n'arrêtent pas de travailler, et certains n'ont pas de studio. Je n'ai donc aucun stage pour le moment

Zoé, élève de seconde au lycée Marie-Curie de Vire Normandie

Certaines entreprises accueillent les élèves de seconde comme ils accueillent les élèves de 3e : trois jours. Au-delà, l'entreprise ne dispose pas de ressources humaines suffisantes pour prendre en charge les jeunes. L'observateur se retrouve démuni, et finit par s'ennuyer, faute d'activités.

La recherche se révèle d'autant plus ardue qu'il faut alors trouver plusieurs employeurs pour combler les 15 jours de stage.

Le télétravail n'arrange pas les choses. Le stagiaire doit être placé sous la responsabilité d'un adulte, qui peut être amené dans sa semaine, à travailler à distance.

Une plateforme numérique pour accompagner les élèves

Zoé a élargi ses prétentions à des structures pour jeunes enfants, sans plus de succès. "J'ai contacté 10 crèches, cinq ont refusé, les cinq autres avaient déjà quelqu'un", poursuit la lycéenne.

Pour accompagner les élèves dans leur recherche de stage, la plateforme 1jeune1solution.gouv.fr recense un nombre important d'offres de stages. Elle permet notamment aux élèves d'accéder à une liste d’entreprises, qui si elles n'ont pas déposé d'offres, acceptent d’être contactées par des élèves de seconde en recherche de stage.

Ainsi, ce sont 39 000 nouvelles entreprises que les élèves peuvent solliciter au niveau national, directement par un formulaire de contact pré renseigné sur la plateforme. À cela s'ajoutent les 85 000 stages proposés par les services publics.

En Normandie, la plateforme Destination Métier peut être aussi un outil intéressant pour mettre en relation les jeunes et le milieu professionnel local, tous secteurs d'activité.

La Région Normandie a également proposé une cinquantaine de stages (25 à Rouen, 25 à Caen) sur des sites administratifs, soit au sein des directions spécifiques (communication..), soit sous la forme de "parcours découverte des métiers des collectivités territoriales". Toutes les offres ont été pourvues rapidement.

Un bon réseau, et des parents disponibles

Si durant leurs recherches, les élèves sont accompagnés par leurs professeurs, des psychologues de l’éducation nationale et l’ensemble de l’équipe éducative, ceux qui disposent d'un bon réseau familial ou amical sont naturellement privilégiés.

Il faut aussi avoir des parents disponibles pour emmener les jeunes sur les lieux de stage. "J'habite à la campagne, et pour me déplacer c'est compliqué avec les horaires de travail de mes parents. J'ai dû limiter ma zone géographique", explique Zoé.

Les élèves qui ne trouveraient pas de lieu d’accueil trouveront refuge au sein de leur établissement scolaire. Un parcours de découverte de l'environnement professionnel leur sera proposé, à travers des ressources pédagogiques et des interventions de professionnels préparées par l'équipe éducative, et la délégation régionale de l'ONISEP.

Mais ça non plus ce n'est pas évident ! "On a demandé à nos professeurs ce qu'on allait faire, ils nous ont dit qu'ils seraient en correction du bac. Ils ne savent même pas s'ils seront au lycée. Je crois même que le lycée sera fermé !", imagine, un peu désabusée, la jeune Zoé.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité