Le chef coutumier papou Mundiya Kepanga fait le tour du globe afin de sensibiliser à la défense de l'environnement. Après un passage dans le Var, en Gironde puis à Dieppe, il s'est rendu, ce jeudi 28 mars, à l'Institution Rey, à Bois-Guillaume (Seine-Maritime).
Il détonne, au milieu des lycéens de l'Institution Rey ! Le chef coutumier papou Mundiya Kepanga, de la tribu des Hulis, a fait un drôle de trajet : venu de Papouasie-Nouvelle-Guinée, il a sillonné l'hexagone...
Jusqu'à Bois-Guillaume, près de Rouen. Emportant avec lui une rumeur : celle prétendant qu'il s'agit là de sa dernière tournée en Europe.
Rouen, la familière
Mundiya Kepanga connaît bien Rouen et ses alentours : en 2012, il faisait don d'une de ses coiffes au Muséum d'histoire naturelle.
L'ardent défenseur de la lutte contre la déforestation en Papouasie-Nouvelle-Guinée, devenu l'une des voix des peuples autochtones partout dans le monde, retrouvait donc l'une de ses villes de cœur ce jeudi, à l'occasion d'un temps d'échange avec des lycéens et de la projection du film "Gardiens de la forêt, le temps des solutions", de Marc Dozier.
Et sur place, une vraie surprise l'attendait : sa coiffe, sortie des vitrines du musée pour l'occasion. "C'est une personnalité, c'est un ambassadeur de la forêt. J'ai été très émue du fait qu'il ait apprécié notre geste d'avoir sorti du musée sa parure, ça signifie beaucoup", s'émeut Isabelle Lambert, enseignante en espagnol, à l'origine de cette rencontre insolite.
"Le changement climatique est devenu une réalité"
L'objectif de la journée : sensibiliser les plus jeunes à l'indispensable préservation des forêts primaires. Et sensibilisée, la jeune génération semble déjà bien l'être.
"Maintenant, le changement climatique est devenu une réalité. Les plus jeunes comme les plus anciens peuvent le voir de leurs propres yeux, assure Mundiya Kepanga. Donc je pense qu'effectivement, il y a une vraie préoccupation mondiale autour de cette question, et les gens ont une vraie curiosité sur les réponses qu'il faut apporter à cette problématique aujourd'hui."
Mes ancêtres nous ont appris que les hommes sont les frères des arbres, et que nous devons tous partager ce respect pour la nature. Maintenant, je réalise que ce message, que je ne croyais concerner que ma tribu, est un message pour l'humanité toute entière.
Mundiya Kepangaà France 3 Normandie
"Je ne suis pas un personnage de fiction, je ne suis pas Rambo, pas un personnage d'Hollywood, poursuit Mundiya. Je suis vraiment un témoin du monde d'aujourd'hui. Le documentaire réalisé avec Marc Dozier raconte la réalité du terrain en Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'importance de protéger les forêts primaires."
De l'émotion... Et l'envie de revenir
Ce type d'intervention, Mundiya Kepanga en a fait des dizaines. Les réactions sont, chaque fois, sensiblement les mêmes. Comme celle de Naila Darras, lycéenne, qui ne cache pas son émotion : "C'est impressionnant de l'avoir ici chez nous aujourd'hui. Tout le monde est surpris de le voir et veut son souvenir avec le chef papou !"
"J'étais super heureuse de le voir. Je trouve ça important de protéger les arbres et particulièrement pour les tribus qui vivent à l'autre bout du monde. C'est toute leur vie, la forêt !", confie quant à elle sa camarade, Clémentine Redolfi.
Reste à éclaircir cette fameuse rumeur : s'agit-il vraiment de la dernière tournée européenne de Mundiya Kepanga ? La réponse de l'intéressé laisse largement place à l'espoir : "C'est très difficile pour moi de venir de Papouasie-Nouvelle-Guinée : ça coûte très cher, c'est très long, je ne sais jamais si je vais pouvoir revenir..."
"Mais j'ai entendu dire qu'il est bien possible que je sois invité l'année prochaine et que je revienne en France !", conclut le Papou avec un sourire.