Un bateau du Cotentin a défilé sur la Seine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet 2024. Cette embarcation, appelée un doris, servant autrefois à la pêche côtière en Normandie est de retour à domicile, dans la Manche à Barneville-Carteret. Une fierté pour l’association, qui restaure ce type de navires.
Il glisse sur la Seine enveloppé d’un nuage de fumée tricolore, sous le regard du monde entier. Le doris normand baptisé « Goule à jus » a remonté la Seine, avec à son bord la flamme olympique.
Le 26 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, ce bateau emblématique des côtes normandes a transporté le personnage masqué et trois enfants portant le symbole des jeux olympiques.
La torche, c’est le flambeau. C’est la transmission du patrimoine.
Christian Porquet, président de l'association Tolet général doris du Cotentin
Une récompense en or pour l’association cotentinoise
Ce bateau appartient à l’association de Barneville-Carteret Tolet général doris du Cotentin, qui restaure et bichonne ce type d’embarcations depuis onze ans.
Le secret avait été bien gardé. Pour les 150 bénévoles, le coup de projecteur sur ce doris « Goule à jus » a été une surprise et une récompense en or. Son président Christian Porquet, parle en toute objectivité (ou presque) de l’entrée en scène du doris comme « le plus beau moment de la cérémonie ». Il ajoute : « j’étais très ému, j’ai eu des frissons. C’est une grande fierté ».
La présence des jeunes gens à bord de l’embarcation normande a particulièrement touché Christian Porquet, qui conserve un extrait vidéo de la cérémonie des JO sur son smartphone. Les yeux rivés sur l’écran, il ne se lasse pas de visionner et de commenter son passage favori : « le doris qui passe sous le pont d’Austerlitz, le drapeau français derrière, la flamme à bord, trois enfants. Je trouve ça super qu’ils aient mis des enfants à bord, c’est vraiment symbolique. » Avant de donner son interprétation : « La torche, c’est le flambeau, c’est la transmission du patrimoine. »
Passer le flambeau
Transmettre et donner envie aux jeunes générations de préserver ces doris, c’est le combat de l’association Tolet général doris du Cotentin. « Notre plus jeune membre a 5 ans !», martèle son président, ravi de voir naviguer des marins de tous âges à bord de ces barques en bois d’autrefois.
Après son escapade parisienne, le doris « Goule à jus » a retrouvé son port d’attache manchois : Barneville-Carteret. Ce matin du mois d’août, le bénévole Xavier Moutier transporte son président et deux autres membres de l’association. Cette sortie en mer, à la force des bras ne passe pas inaperçue aux côtés des imposants voiliers et bateaux à moteur, qui dépassent aisément le doris. « Ce n’est pas très dur ! Il faut s’aider de son corps en se jetant en arrière ! », explique amusé Xavier Moutier, en ramant énergiquement.
À bord de ce navire olympique, du haut de ses 11 ans, Camille Dumay profite de cette balade au rythme des avirons. « Au début ça m’impressionnait un petit peu, mais j’ai essayé et ça m’a plu », raconte la jeune fille. Il faut dire que le confort est sommaire. Le doris tangue au moindre déséquilibre et les jours de mer calme obligent à faire preuve de patience.
Le doris, un bateau de pêche côtière
Depuis plus d'une décennie, l'association manchoise a remis à flot plus d'une trentaine de bateaux. Chaque restauration nécessite six à neuf mois de travail. Alors tout au long de l’année, les passionnés du Cotentin se déplacent en France sur la côte nord ouest pour faire connaître et sauvegarder les doris.
Dans les années 1950, ces barques en bois de six mètres de long servaient à la pêche côtière et au ramassage des algues dans le Cotentin. Avec deux ou trois rameurs à bord, elles avaient la capacité d’embarquer jusqu’à une tonne de poissons, crabes ou homards. Leur fond plat était un atout pour accéder à certains secteurs, avec peu de niveau d’eau.
Le doris olympique en maquette
Après la parenthèse enchantée des JO, le doris va continuer à surfer sur son moment de gloire, grâce à la confection de maquettes. Dans le hangar de l’association manchoise, Michel Legoupil découpe, ajuste et colle avec précision de petites pièces en bois. Des répliques du doris « Goule à jus » sont en cours de fabrication.
Derrière ses lunettes, Michel Legoupil est à la tâche pour proposer une cinquantaine de reproductions de ce doris, bientôt ornées du symbole olympique. « Il faut quatre jours pour réaliser la maquette du doris. (...) Il faut qu’on s’applique pour représenter les anneaux et faire cela proprement, c’est important », insiste ce perfectionniste.
Une manière de ne pas oublier que le Cotentin a ouvert les jeux d’été de Paris 2024.