Tourisme, pêche, transport mais aussi énergie, avec l'un des secteurs littoraux les plus longs d'Europe, la mer est un vecteur de développement pour la Normandie. Les candidats aux régionales font leur propositions à l'occasion de notre deuxième débat organisé cette semaine à Cherbourg-Octeville.
Avec 600 km de côtes, la région dispose d'un des secteurs littoraux les plus longs d'Europe. Pour ce deuxième débat organisé dans le cadre des élections régionales, la rédaction de France 3 Normandie a souhaité interpeller les candidats sur la mer et son économie.
La région en devenir réunira dès le 1er janvier prochain 31 ports. Le littoral normand est également marqué, dans le domaine de l’énergie, par son industrie nucléaire avec les centrales de Penly et Paluel près de Dieppe, sans oublier Flamanville dans la Manche. Et bientôt un parc éolien off shore qui concernera en particulier la zone du Tréport, Fécamp et Ouistreham. Sans oublier pêche, encore très présente malgré les difficultés, et le tourisme qui accueille un nombre toujours plus important d’amateurs de grands espaces, d’histoire et de patrimoine.
Pour border ces questions essentielles pour le développement de la Normandie réunifiée sont réunis à la Cité de la mer à Cherbourg:
- David Margueritte (Les Républicains), Tête de liste MoDem UDI LR Manche
- Stéphane Travert (Parti Socialiste), Tête de liste PS PRG DG Manche
- Jean-Jacques Noël (Front National), Tête de liste FN Manche
- Valérie Varenne (Front de Gauche), Tête de liste FG Manche
- Jérôme Virlouvet (Europe Ecologie Les Verts), candidat EELV Manche
Quelles énergies pour demain ?
Avec l'implantation d'une ferme pilote d'hydroliennes au Raz Blanchard et les projets d'industrie dans l'éolien offshore sur Cherbourg et Le Havre, les énergies marines renouvelables apparaissent pour plusieurs candidats comme un facteur de croissance pour la région. Stéphane Travert estime ainsi que "créer une nouvelle filière c'est développer l'emploi, faire de la formation et faire en sorte que notre territoire soit innovant". A droite, l'enthousiasme est moins débordant. Fustigeant la loi de transition énergétique et son objectif de plafonnement de production d'énergie nucléaire, David Margueritte entend défendre le nucléaire, "une chance pour la Normandie et une nécessité pour la France, pour son indépendance énergétique". Le Front National, lui, demande carrément un moratoire sur l'éolien terrestre et offshore, une double hérésie, selon Jean-Jacques Noël qui soutient pleinement l'EPR.
Sur l'EPR, Normandie Ecologie a un point de vue diamétralement opposé dénonçant "une gabegie financière" et "une catastrophe industrielle". Jérôme Virlouvet affirme que la Normandie (et la France) peut tirer son épingle du jeu de la dé-nucléarisation en misant sur la filière du démantèlement.
La candidate du Front de Gauche, Valérie Varenne, a tenu à rappeler le rôle "primordial" la recherche dans la transition énergétique, estimant que le coeur du problème était la question du "stockage de l'électricité".
Soutenir le secteur de la pêche
Au-delà des oppositions politiciennes de principe, les différents candidats participant à ce débat sont globalement d'accord sur les mesures à prendre concernant le secteur de la pêche: modernisation de la flotte, formation et aide à l'installation des jeunes.Si le candidat du FN estime que le système européen a "tué la pêche", le socialiste Stéphane Travert objecte que l'Europe contribue à hauteur de 18 millions d'euros à un fond permettant de soutenir et moderniser ce secteur.
La candidate du Front de Gauche, quant à elle, estime qu'il faut avoir une approche plus large de la pêche en impliquant tous les métiers qui y sont liés.
La complémentarité des ports normands à l'heure de la réunification
"On a le devoir, en tant que collectivité, de faire attention à l'argent public", a déclaré l'écologiste Jérôme Virlouvet, "Il faut jouer la complémentarité et non la concurrence entre les ports normands". Avec la réunification de la Normandie, il faudra "résoudre la problématique de l'appartenance portuaire" rappelle Stéphane Travert. Sur cette question, David Margueritte a plaidé pour que les grands ports comme Cherbourg, Ouistreham, Le Havre, Dieppe ou Granville soient "dans le giron de la région" et que "les ports de proximité restent de la compétence départementale".Le candidat des Républicains dans la Manche a attaqué son adversaire socialiste sur le projet de canal Seine-Europe, un projet qui selon lui représente un danger pour les ports normands, à commencer par celui du Havre.
Stéphane Travert défend le projet, estimant qu'il permet de "désengorger le trafic container que nous n'arrivons pas à porter" et préfère mettre l'accent sur la nécessaire complémentarité des ports normands, en soutenant notamment le travail de Ports Normands Associés (PNA).
Jean-Jacques Noël indique que le Front National soutiendra le projet de canal Seine-Eurpe à deux conditions: un "investissement massif sur Le Havre" et l'instauration d'un "péage douanier sur les navires étrangers".
Pour l'écologiste Jérôme Virlouvet, le développement des ports normands doit passer par celui du fret. "A l'heure où on doit réduire les gaz à effet de serre, il faut encourager le transport maritime", a-t-il déclaré, à deux semaines de la conférence de Paris sur le climat (COP 21).