Dans la deuxième région française de production laitière et d'élevage, la crise agricole avec une baisse en moyenne de 18 % des revenus, va peser en décembre dans les urnes. Depuis Evreux, notre première émission en vue des élections régionales de décembre, ouvre le débat.
► La voix est libre spéciale agriculture
samedi 7 novembre 2015 à 11h05 (et ci-dessus dès maintenant)
présentée par Gwénaëlle Louis et Philippe Goudé
70 % de notre territoire est consacré en Normandie à l'agriculture. Le vote paysan continue à compter dans les urnes dans notre région. Le débat organisé par notre chaîne à Evreux est l'occasion de le vérifier. Dans une Normandie réunifiée, les ruraux contribueront à faire le futur président d'une grande région. On ne le sait pas toujours, c'est bien l'assemblée régionale qui est en charge depuis peu de gérer les subventions européennes allouées au secteur agricole. Ici dans une terre d'élevage, où les exploitations restent modestes et la culture des céréales pas encore généralisée, sans ces aides la majorité des paysans ne pourrait pas survivre.
"Si on retire les aides européennes, on arrive à un revenu de zéro dans les exploitations" explique d'entrée de jeu le représentant de la majorité socialiste sortante James Louvet au nom du Parti Radical de Gauche. " En Normandie, nos prix sont très élevés. Les études le démontrent nous avons des coûts de production beaucoup trop élevés. Le paradoxe ce n'est pas forcément en augmentant les surfaces d'exploitation qu'on s'en sort mieux", constate le candidat, lui-même agriculteur dans le Calvados.
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"Si on retire les aides, on n'arrive pas à un revenu de zéro mais on est en déficit" surenchérit Loup Mautin, agriculteur dans le Perche et candidat du Front National "Pour m'en sortir j'ai du abandonner l'élevage pour les céréales, c'est un vrai drame de quitter les prairies". Pour lui, "les promesses régionales sont déconnectées de la réalité que vivent les paysans. La politique des régions c'est un emplâtre sur une jambe de bois". Selon le FN, l'Europe et la mondialisation sont les responsables de la crise agricole. Pour son représentant l'exportation du lin normand vers la Chine est le symbole d'une globalisation devenue incontrôlable.
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"On ne peut pas tout mettre sur le dos de l'Europe et de la mondialisation" Guy Lefranc, au nom des Républicains pendant tout le débat aura deux adversaires, les sortants socialistes et le FN crédité d'une deuxième place le soir du premier tour juste derrière les listes d'Hervé Morin.
Le maire d'Evreux tâcle allègrement le plan de développement rural voté par les majorités socialistes, plan validé par Bruxelles. Il réduit la politique agricole des sortants à de simples mesures pour valoriser la filière bio, "c'est très bien, mais c'est une niche". Pour le candidat des Républicains, il faut financer des grands travaux sur le port du Havre pour valoriser le transport des céréales et la région doit apporter les moyens financiers au regroupement des producteurs.
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François Dufour, l'actuel vice président Europe Ecologie Les Verts de Basse-Normandie, défend bien évidemment le bilan de la majorité sortante. "Monsieur Lefranc, vous n'avez pas les bons chiffres" reste un argument en cette saison électorale. Le syndicaliste de la Confédération Paysanne réclame, comme tous les invités présents autour de la table un retour des règles en matière de fixation des prix agricoles, le lait comme les céréales étant soumis "à la spéculation des traders". "Le but des régions c'est de consolider les aides" argumente l'élu de la Manche, vendant au passage son plan protéine visant à rendre les éleveurs normands autonomes d'un soja produit en Australie ou au Brésil.
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