La Normandie manque de familles d’accueil pour les mineurs en réinsertion

Le placement des adolescents délinquants en famille d’accueil est une alternative aux centres fermés. La protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Seine-Maritime et de l'Eure recherche des familles. Une mission d’intérêt social.

Ourida Berbra forme avec son mari une famille d’accueil pour des jeunes placés par la justice. Depuis cinq ans, ils hébergent et s’occupent de mineurs en conflit avec la loi. Ils ont déjà reçu une dizaine d’adolescents chez eux, le temps d’un week-end, trois mois et même jusqu'à un an et demi. « Ils sont mieux à la maison qu’en prison. Quand ils partent d’ici avec un projet qu’ils finalisent c’est formidable ! », s’enthousiasme la quinquagénaire.  

Des jeunes condamnés en réinsertion

Âgés de 13 à 18 ans, ils sont pris en charge dans un cadre pénal et certains sont passés par la case prison. Au moment de leur réinsertion, le juge des enfants essaie généralement de maintenir ces jeunes dans leur famille d’origine, mais peut décider de les éloigner d’un milieu jugé néfaste.

S’ajouteront un suivi de scolarité ou d’une activité professionnelle et d’un suivi psychologique ou médical. Et c’est l’Unité éducative d’hébergement diversifiée et renforcée (UEHDR) de la PJJ qui va s’occuper de ce suivi et du placement des adolescents dans les familles d’accueil.

Sélection rigoureuse des familles

Pour devenir famille d’accueil, le processus de recrutement démarre avec un premier entretien par téléphone avec un psychologue. « Ensuite des éducateurs se rendent sur place avec cette psychologue pour évaluer l’environnement mais aussi les objectifs et les motivations des familles », développe Joséphine Astier, directrice de l'établissement de placement éducatif et d'insertion de Rouen.

Célibataire, couple, actif ou retraité vivant en appartement ou maison, en milieu rural ou urbain… Tout profil est éligible sous réserve d’une certaine motivation, car les enfants placés ont des parcours difficiles.

« On est vraiment dans un caractère de délinquance, on travaille à la fois avec le profil du jeune et celui des familles d’accueil. C’est pour ça que dans notre vivier de familles, il peut y avoir des familles qui ne sont pas sollicitées temporairement parce qu’on n’a pas de jeunes adaptés à leur proposer », explique la directrice.

La PJJ a les capacités de suivre de vingt-quatre jeunes, mais seulement seize sont placés dans des familles d’accueil. Le manque est particulièrement flagrant dans les agglomérations où beaucoup de jeunes sont inscrits dans des établissements de formation.

Des familles épaulées par des professionnels de l’éducation

Le premier rôle de la famille d’accueil est de proposer un lieu chaleureux, bienveillant et sécurisant. Les jeunes accueillis ont besoin de cadre, de compréhension et d’adaptabilité.

La protection judiciaire de la jeunesse s’occupe de l’éducation et de l’insertion professionnelle. « On assure le soin psychologique ou les problèmes de santé en général, pour assurer les rendez-vous, les emmener, faire le point avec les patrons ou avec l’établissement scolaire », développe Morgan Roy, éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse.

« Ils ne nous veulent pas de mal. C’est plus eux qui ont traversé une période difficile »

Ourida Berbra, famille d'accueil

En plus des visites hebdomadaires au domicile des familles, les éducateurs sont disponibles 24h sur 24 en cas de difficulté particulière. Les familles sont bénévoles et perçoivent une indemnité journalière de quarante euros, pour les repas et autres dépenses d’entretien. Le reste des dépenses, comme le transport, l’habillement ou encore les soins sont pris en charge par la PJJ.

Passées les premières appréhensions du début, Ourida Berbra, s’est aperçue que le bénéfice était autant pour la famille d’accueil que pour les jeunes. « On s’aperçoit qu’ils ne nous veulent pas de mal. C’est plus eux qui ont traversé une période difficile », s’émeut-elle, « ils se sentent en sécurité et ils nous prouvent leur affection ».

Pour être famille d'accueil :

02 35 70 99 47 ou écrire à uehdr-rouen@justice.fr

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