Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé ce matin sur BFMTV qu'une réouverture des discothèques était envisagée pour le mois de juillet. Une lueur d'espoir pour les patrons de night clubs en Normandie, qui craignent toutefois "les conditions spécifiques" auxquelles ils devront se soumettre.
Entre joie et espoir, satisfaction et précaution. Après l'annonce d'Olivier Véran d'une réouverture des discothèques en juillet, les tenanciers des établissements nocturnes de Normandie sont partagés entre le bonheur d'une reprise imminente après 15 long mois d'arrêt et l'appréhension du protocole sanitaire qu'il leur faudra respecter pour rouvrir.
On est forcément satisfait de voir que le sujet de la reprise est évoqué, ça va dans le bons sens. Cela dit, on est très fébrile quant au protocole sanitaire proposé. Pour l'instant, on n'en sait absolument rien. Il y a un point de blocage concernant le pass sanitaire.
Ce carnet de santé du Covid, les patrons de boîte de nuit n'y sont pas favorables, pour la simple et bonne raison que la population qui fréquente leurs établissements n'est que peu ou pas vaccinée. Autre pierre d'achoppement, la tendance de la clientèle à l'épicurisme. "Les jeunes ne prévoient pas plusieurs jours à l'avance s'ils iront en boîte, c'est une décision qui se prend au cours d'une soirée ou un peu avant. Comment imaginer qu'ils iront faire un test PCR 48 heures avant ?" soulève le gérant ornais.
Entre le gouvernement et les syndicats, les discussions se poursuivent pour établir un protocole sanitaire acceptable. Le port du masque sur la piste de danse est aussi en balance. Une telle disposition apparait incompatible et difficilement maitrisable pour les patrons de night-clubs, qui devront aussi s'adapter sur le service. Les clients n'iront plus au bar passer commande mais devront attendre qu'un serveur passe à leur table. Si cela éteint le problème des consommations sur le dancefloor, cela ajoute du travail aux barmans et barmaids.
Vers une jauge à 65%
Les représentants des discothèques ont demandé à l'Etat de pouvoir accueillir les clients avec une jauge à 80% de la capacité maximale de leurs établissements. Pour le moment, on leur en garantit 65%. Un pourcentage "acceptable" selon Anthony Simon, patron du Phoenix, à Bretteville-l'Orgueilleuse, près de Caen. "Nous sommes calibrés pour 550 personnes, en accueillir 350, ça fait déjà un club bien rempli". La plupart des propriétaires sont avant tout heureux d'ouvrir, même en "mode dégradé".
On n'a pas de crainte quand à la fréquentation. On sent que la jeunesse a envie de nous retrouver ou de nous découvrir.
Toutefois, une querelle ressurgit. Celle de l'égalité de traitement entre les discothèques et les bars de nuit, les deux n'étant pas régis par la même législation. A Flers, Yann Siloret, gérant du Why Not, se désole que le bar de nuit voisin puisse "mettre 200 clients dans 200m² alors qu'on (lui) ne pourrait en accueillir que 200 dans les 500 m² du club".
Interrogation sur la poursuite des aides financières
S'il y a de l'espoir et de l'excitation, on note aussi une extrême prudence dans une profession qui a avalé beaucoup de couleuvres et de déception depuis le début de la pandémie en mars 2020. Jusqu'à ce jour, elle a pu survivre en partie grâce aux aides financières de l'Etat. "Si elles perdurent, on va s'en sortir. On ne voit d'ailleurs pas comment il pourrait en être autrement puisqu'on ouvre pas en jauge maximale".
Les patrons de discothèques n'envisagent même pas qu'un arrêt des versements en cas d'ouverture puisse être une option. Pourtant, c'est le sort qui fut réservé au bars et restaurants. Certains avaient même choisi de décaler leur reprise de mi-mai à début juin pour toucher les aides sur un mois complet en plus. D'autres avaient ouverts avant de refermer devant le manque à gagner généré par l'instauration des jauges et des terrasses trop petites.
Ils attendent maintenant avec impatience le 21 juin, jour choisi par le Président de la République Emmanuel Macron pour s'exprimer sur leur sujet. Les interrogations concernant la date et les modalités de reprise devraient être levées.