Avec l'inflation de ces dernières années, le viager est un complément de retraite non négligeable pour les vendeurs mais c'est aussi un moyen de faire des économies pour les acheteurs, de l'ordre de 30% sur l'immobilier. Un échange gagnant-gagnant assurent les spécialistes. On vous explique l'origine et les subtilités de ce mode de transaction qui ne se limite pas qu'à l'immobilier comme beaucoup peuvent le croire.
Pourquoi et comment la vente en viager est-elle née ? On vous explique l'origine et les subtilités de ce mode de transaction qui ne se limite pas qu'à l'immobilier comme beaucoup peuvent le croire.
Sans héritier, Alain a choisi de vendre son bien en viager
Cela fait 36 ans qu'il vit dans son appartement du centre-ville de Rouen. Un deux pièces de 74m², acheté en 1986. Aujourd'hui, Alain a 82 ans et ses petits problèmes de santé l'ont poussé à imaginer et anticiper son avenir proche : "j'ai imaginé une maison de retraite mais il n'y a qu'une pièce et puis c'est extrêmement cher", sourit l'octogénaire. Son objectif : déménager le plus tard possible pour profiter de son appartement "jusqu'au bout".
Sans héritier, Alain a choisi de vendre son bien en viager. Il perçoit depuis le mois de septembre, une rente viagère de 752€ par mois. Un petit "matelas" qui le rassure, même si sa retraite est suffisante "pour le moment, je n'ai pas réfléchi à ce que j'allais en faire. Je l'épargne et puis voilà. J'aimerais bien voyager quand même, parcourir la France", explique-t-il.
Le viager à le vent en poupe
Le viager revient à la mode. Les ventes immobilières de ce type ont augmenté de 10% cette année en Normandie. Comme nous l'explique Paola Bertin, gérante de l'agence Viagimmo de Rouen, le viager est une solution qui bénéficie tant aux acheteurs qu'aux vendeurs :
C'est quelque chose qui se développe. Les retraites sont arrivées à bout de souffle et ce revenu complémentaire permet aux vendeurs qui n’ont pas d'héritiers de bien vieillir chez eux. Coté acquéreur, cela permet d'investir dans la pierre à moindre cout, environ 30 à 40% de moins.
Paola Bertin, viagériste pour l'agence Viagimmo de Rouen
Un échange gagnant-gagnant donc comme nous l'assurent tous les spécialistes du secteur que nous avons rencontrés. Pour Louise Gray, notaire à Isneauville (76), le viager permet surtout au vendeur de se dégager une trésorerie, "il est question de mieux vivre, de réaliser des travaux avec de l'argent que la banque ne prêterait pas". Le gros avantage c'est que le vendeur touche une somme sans avoir à la rembourser. La professionnelle confirme que la tendance a changé et que les idées reçues disparaissent progressivement.
C'est en quelque sorte un pari sur la tète de quelqu'un, ce qui paraît pas très sain mais aujourd’hui les gens voient les choses différemment.
Louise Gray, notaire
L'acheteur aussi y trouve son compte. Sa principale motivation est souvent le prix d'achat du bien immobilier, moins élevé que dans une vente classique. "Pour l'acquéreur c'est un investissement, sans débloquer de fond important", explique Maître Gray, "il n'a pas les tracas du locatif et bénéficie d'avantages fiscaux".
L'origine du viager
La notion de viager est inventée par les Romains au 5ème siècle avant JC. Cependant, sa pratique en France ne date que du Moyen-Age. C’est en l’an 846 que le roi Charles II, dit Charles le Chauve, introduit le viager dans le droit du Royaume. Enfin, c’est au début du 19ème siècle, que la pratique est incluse dans le Code Civil.
Les règles du viager actuel
Une personne qui vend sa maison en viager percevra en échange une rente à vie, versée par l’acheteur. Cette rente viagère peut être mensuelle, trimestrielle ou annuelle et son montant, défini par le notaire, dépend notamment de l’âge du vendeur. Elle peut également s’accompagner d’un bouquet, c’est-à-dire une somme d’argent versée à la signature de l’acte de vente.
Bien souvent, l’acheteur ne peut pas profiter immédiatement de son bien. C’est pour cette raison qu’il bénéficie d’une décote de sa valeur immobilière.
La transaction repose sur le principe d’aléa : en effet au moment de la signature, ni le vendeur ni l’acheteur ne savent pour quel montant le bien sera acquis, puisqu’il dépend de la date du décès du vendeur.
Enfin, C’est moins connu, mais les bijoux, œuvres d’arts, meubles de valeur ou voitures de collection peuvent aussi se vendre en viager.