Les fonctionnaires pris en étau dans la fusion des deux Normandies

C'est un sentiment partagé par tous les agents territoriaux des régions de France qui vont fusionner. Les fonctionnaires d'Etat s'interrogent aussi. Est-ce que fusion veut dire absorption? On voit que dans les services des préfectures on parle plutôt de bi-site et changement profond d'organisation. 

Fusionner deux régions, c'est forcément changer le périmètre des fonctionnaires : ceux de la Région ( les agents territoriaux) auront pour patron le futur président de l'Assemblée Régionale de Normandie, qui comprend donc la Haute et la Basse réunies. 
Ceux de l'état, et il y a une dizaines de services ( DRaaf, Drac, Dreal, Ars, etc) ont déjà commencé à se réorganiser. 

Les fonctionnaires de la Région ont fait savoir leur inquiétude, avant les déclarations d'Hervé Morin dans la presse, il y a quelques mois. Celui-ci affirmait alors qu'il " y a 500 fonctionnaires de trop dans la future grande Normandie". Assurant qu'il avait communiqué ce chiffre après avoir comparé avec une autre région existante comparable : la Bretagne et ses 3 millions d'habitants. 
Depuis le syndicat UNSa , à la région, syndicat majoritaire parmi les territoriaux de Basse-Normandie, a rédigé une charte soumise aux candidats.

Pour le moment seuls Hervé Morin  ( tête de liste régionale pour Normandie conquérante) et Yanic Soubien ( tête de liste régionale pour Normandie Ecologie) ont signé cet engagement à réformer par le dialogue et la concertation. 


Mais les territoriaux sont conscients que la fusion passera d'abord par la réorganisation des services qui logiquement va déjà "éliminer" les doublons dans certains services ( direction de cabinet, communication, etc) . Pour la suite, seul le futur Président aura la main. 


Quant aux fonctionnaires de l'Etat, qui dépendent directement des préfets.

Le choix de Rouen , comme préfecture régionale a suscité ces derniers mois beaucoup d'émoi. Beaucoup se sont imaginé devoir déménager et suivre leurs services respectifs, à Rouen.

Une crainte légitime qu'est très vite venue atténuer la législation : le partage des tâche est acté. Aussi, dans la grande Normandie, les services de l'Etat ont été répartis moitié-moitié entre Rouen et Caen. Ou plus exactement, leurs directions. Des antennes étant maintenues dans l'ancienne Région quand la direction est installée dans l'une des deux villes.

Le Schéma imposé par l'Etat : 
Les eaux et forêts ( DRaaf), la santé (ARS), la culture ( Drac), l'Insee, et le Rectorat restent à Caen. 
La Dreéal ( risques industriels et environnementaux, logement, etc) , le fisc et trésorerie ( Drrfip), Jeunesse et sport ( DRDJSC), la concurrence et consommation ( Direccte) et la Chambre régionale des comptes sont à Rouen 

Des services régionaux qui fonctionnent en bi-site pour l'Etat. 

Par exemple, la Dréal ( Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Basse-Normandie) est dirigée de Rouen. Un peu plus de 210 personnes sont quand même maintenues à Caen dans les locaux près de la Pierre-Heuzé. 
Quelques transfuges ont eu lieu, mais toujours sur la base du volontariat.
Une réorganisation de ces services en quelques mois a beaucoup marqué les personnels, qui déjà, ont accumulé deux réformes successives ces dernières années.

Et le coût de cette fusion ? 

Reste à savoir combien coûtera cette fusion des régions aux contribuables. Partout la question est posée. Mais personne n'avance de chiffres ou même d'études, à ce propos. 
Un tabou ou une réelle difficulté à évaluer l'impact de ce big bang territorial visant à moderniser les régions françaises. 
Alors que des voix s'élèvent pour dire que cette loi Notre est un un échec, sur le plan des économies, d'autres saluent une réforme nécessaire à long terme, qui aura peut-être un volet 2 ou 3.

Seule certitude pour la Basse-Normandie, un million d'euros a été voté en assemblée plénière avant la fusion. Un million destiné à financer la réévaluation des salaires des agents de lycées bas-normands, sur ceux de leurs collègues de Haute. Une disposition " au mieux disant", prévue par la loi.

Car si l'on peut croire de l'extérieur que d'une région a l'autre, tout fonctionne de la même manière. C'est une illusion. L'harmonisation sera longue et coûteuse.

Pour seul exemple, prenons les communauté d'agglomération : pour Caen-la Mer par exemple, il aura fallu dix ans pour commencer à faire des économies. 




Reportage d'Alexandra Huctin, Suzanna Nevenkic et Stéphanie Lemaire :






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