Louer plutôt qu'acheter sa voiture ? Les constructeurs se frottent les mains

Louer un véhicule flambant neuf pour quelques dizaines d'euros par mois plutôt que l'acheter: les automobilistes sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire par ce type d'offre, avec la bénédiction des constructeurs qui réalisent ainsi
de fructueuses affaires.

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"230 euros par mois, sans apport et sans condition de reprise", "À partir de 3 euros par jour"... difficile de passer à côté de publicités où les prix d'achats en milliers d'euros ont cédé la place à de petites mensualités.
Ces offres locatives ne sont pas nouvelles: la quasi totalité des entreprises y ont aujourd'hui recours, ayant renoncé de longue date à détenir en propre leur flotte de véhicules.

En revanche, elles ont longtemps peiné à trouver leur public du côté des particuliers, pourtant habitués à payer chaque mois leur abonnement téléphonique ou leur loyer.
Mais elles "sont en plein boom depuis 2015", explique à l'AFP Christophe Michaeli, directeur du marché automobile France chez BNP Paribas Personal Finance. 

Depuis trois ans, les contrats de location avec option d'achat (LOA) ont progressé de plus de 10% par an et représentent désormais trois quarts des financements d'automobiles neuves, loin devant le crédit automobile classique, selon des données récemment publiées par l'Association française des sociétés financières.

Le "tout-en-un" qui fait mouche

En pratique, ces formules, généralement établies pour une durée de trois à cinq ans, permettent à un particulier d'acquérir une voiture neuve en échange d'un loyer mensuel, parfois sans apport et avec la possibilité dans
le cas de la LOA de racheter le véhicule à la fin. 
Souvent moins onéreux que les mensualités d'un prêt classique, le loyer peut inclure l'entretien, l'assistance ou l'assurance, avec pour contrainte un kilométrage total à ne pas dépasser. 
Cette formule "tout-en-un" fait mouche auprès de nombreux clients, qui ont ainsi la garantie de toujours circuler au volant d'un véhicule doté des dernières innovations, sans avoir à se soucier des pépins mécaniques d'une voiture en fin de course.
"Lorsque sont inclus l'extension de garantie, l'assistance, l'entretien, les clients n'ont plus qu'à mettre du carburant et à assurer leur véhicule pour savoir ce que celui-ci leur coûte", explique M. Michaeli, vantant la "transparence" de cette formule.
Surtout, "ce changement est rendu possible mais aussi souhaité par les constructeurs" pour qui les offres locatives apportent la promesse de vendre davantage de voitures, affirme à l'AFP François Guionnet, le directeur général de la DIAC, filiale de financement de Renault. 

"Avec la location, les clients changent de véhicule tous les trois ans en moyenne au lieu de tous les cinq ou six ans pour les achats en cash", détaille M. Guionnet.
Autre avantage: avec la location, fini la politique des rabais, les remises sur de petites mensualités devenant plus difficiles à négocier par les clients que pour de gros montants.
Les concessions gagnent aussi en fidélisation du client.

Cap sur le marché de l'occasion

Les offres locatives permettent enfin aux constructeurs de prendre pied sur le marché de l'occasion, deux fois plus gros que le marché du véhicule neuf mais encore dominé par les transactions de particulier à particulier.
Sur ce marché, "tout le monde cherche des véhicules de 3 à 5 ans", poursuit M.Guionnet. D'où l'intérêt pour les concessionnaires d'avoir une flotte à proposer à la vente sur ce créneau. 
Conséquence, c'est dans le haut de gamme, comme les marques allemandes BMW ou Audi, que les offres locatives sont adoptées le plus massivement. Car après trois ans, un véhicule "premium" s'est moins déprécié qu'une voiture de moyenne gamme.

En attendant de récupérer un véhicule à la "valeur résiduelle" encore élevée, le constructeur peut le louer à des mensualités relativement peu élevées et le mettre ainsi à la portée de certaines clientèles jusqu'alors inaccessibles.
Certaines associations de consommateurs n'en appellent pas moins à la vigilance, notant le risque de payer des services superflus ou au contraire d'être insuffisamment couvert.
Attention notamment au "contrat d'entretien qu'il faut éplucher pour connaître le détail", certaines prestations comme le changement des pneus ou les plaquettes de freins n'étant pas systématiquement incluses, soulignait en 2016 l'UFC Que Choisir.

Gare aussi au dépassement du kilométrage, aux rayures et autres bosses, lourdement facturés par les loueurs en fin de contrats. 
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