Dix huit mois après la catastrophe, l'association "les sinistrés de Lubrizol" lance sa contre expertise citoyenne, indépendante de l'industriel et de l'Etat. De nouveaux prélèvements vont être réalisés pour connaitre précisément l'impact de l'incendie sur notre santé et l'environnement.
Les membres de l'association des sinistrés de Lubrizol se sont réunis ce mardi 16 mars à la mairie de Rouen pour organiser ce qu'ils appellent "la contre expertise citoyenne", point de départ pour la création d'un institut éco citoyen appelé à devenir un lieu de savoir et de partage.
L'idée de cette expertise citoyenne est d'avoir ses propres données sur la pollution générée par l'incendie de Lubrizol, et ne pas se satisfaire de celles de l'industriel et de l'Etat. L'indépendance étant dans un dossier aussi sensible, un préalable indispensable pour connaitre la vérité. Cette nouvelle expertise sera donc chargée d'analyser la fumée, d'étudier l'impact de la pollution sur notre environnement, ou encore de procéder à un suivi épidémiologique. Des analyses qui complèteront celles de l'Etat et de l'industriel.
On doit savoir exactement ce qu'on a respiré, on doit savoir exactement à quoi on va être confronté demain et quelles seront les conséquences sanitaires. Si demain on a une grande vague de cancers ou des malformations sur nos enfants, il faut qu'on puisse l'attribuer à tels ou tels produits ou substances.
Un spectromètre à disposition
Une partie de ces nouvelles expertises sera réalisée grâce à l'utilisation d'un spectromètre, acquis par un laboratoire rouennais. Un outil performant qui permettra notamment d'analyser les dépots de suies consécutives à l'incendie de l'usine. "Ce spectromètre a la particularité d'être le plus puissant de France, c'est à dire que la résolution permet de différencier des molécules qui sont très proches l'une de l'autre, et d'avoir accés à l'intégralité des composés de l'échantillon" explique Matthieu Fournier, le directeur du département Géosciences et Environnement à l'Université de Rouen, qui a fait l'acquisition de l'outil.
Reconstituer l'incendie
Le projet prévoit aussi de reconstituer l'incendie, car les scientifiques souhaitent étudier le cocktail chimique produit lors de la catastrophe du 26 septembre 2019. "Dans le projet il y a une première phase pour rejouer l'incendie, une deuxième phase pour voir si ces produits sont disséminés dans l'environnement et si oui où et à quelle dose, le troisième volet consiste à évaluer la toxicité des produits, et la 4ème phase à essayer de comprendre les ressorts sociétaux qui ont été à l'oeuvre au moment de l'épisode" poursuit Matthieu Fournier.
L'étude réalisée par l'Université de Rouen et son département Géosciences et Environnement, est financée par la Région à hauteur de 1 million 300 000 euros. L'association des sinistrés de Lubrizol a quand à elle reçu fin 2020 une subvention de 15000 euros de la ville de Rouen.