Manche : un mois après la rentrée, des élèves en situation de handicap toujours pénalisés par le manque d'accompagnants

De nombreux élèves en situation de handicap ne peuvent pas suivre correctement les cours dans la Manche à cause du manque d'AESH, les accompagnants d’élèves en situation de handicap. Une situation qui retarde le développement des enfants et inquiète les familles. 

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La Manchoise Camille Launay s'attendait à ce que son fils Clément, qui souffre de troubles envahissants du développement, bénéficie d'un accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) dès la rentrée scolaire à l'école Notre-Dame de Créances. Un mois est déjà passé et toujours personne n'aide le garçon à l'école. 

"Une demande d'accompagnement a été faite le 17 février 2020 pour Clément. Elle a été présentée à la commission des droits de l'autonomie du 7 juillet 2020. La décision dit "accord pour une aide individuelle pour un AESH 100% du temps de scolarisation par semaine pour acte de la vie quotidienne, acte de la vie sociale et relationnelle et activités d'apprentissage. Date de validité, 1er septembre 2020, jour de la rentrée jusqu'au 10 juillet 2022". Mais actuellement il n'y a personne. Donc Clément a une AESH sur le papier, mais physiquement elle n'existe pas" déplore la mère du petit garçon.

Clément n'a que quatre ans et demi et il est en mi-temps scolaire car il n'a pas l'accompagnement dont il nécessite

Camille Launay, mère de Clément


Résultat, Clément ne peut pas suivre la même scolarité que ses camarades de classe. A cause de l'absence d'AESH, "il ne peut aller en cours que le matin, il ne mange pas à la cantine et il ne peut pas participer aux sorties scolaires si sa maman n'est pas présente" détaille Julie Germain, directrice de l'école Notre-Dame.

"L'accompagnement est un droit mais surtout un besoin pour Clément" insiste Camille Launay, sa maman. 

10% de notifications d'accompagnement supplémentaire

De nombreux élèves sont dans la même situation que Clément ou avec une aide inadaptée dans la Manche.

Selon Viriginie Lasine et Dominique Poudret, co-secrétaires départementaux du SNUipp-FSU50, "ce sont près de 150 élèves avec notification MDPH qui attendaient leur AESH le jour de la rentrée. Par manque de personnels AESH, les notifications de la MDPH d'aide individuelle se sont transformées sur le terrain en aide mutualisée pour les plusieurs élèves, ce qui est, de plus, une augmentation conséquente de la charge de travail et de suivi des élèves pour les personnels concernés". 

Il y a huit ans, un tiers des élèves en situation de handicap étaient accompagnés. Aujourd'hui, ce sont les deux-tiers.

François Chenal, conseiller technique sur l'école inclusive au rectorat à Caen


François Chenal, conseiller technique sur l'école inclusive au rectorat à Caen, est conscient du problème, multifactoriel selon lui.

Depuis plusieurs années, les demandes d'accompagnements se multiplient. "Pour cette rentrée, on a eu une augmentation de 10% des notifications d'accompagnement. La difficulté, c'est de trouver des personnes qui soient disponibles et volontaires pour être AESH. Sur des territoires ruraux notamment, le vivier n'est pas suffisant pour accompagner les élèves rapidement" souligne François Chenal. 

Au-delà du manque d'AESH, la difficulté se trouve aussi dans la compatibilité à trouver entre les élèves en situation de handicap et les accompagnants.

"Nous devons trouver la personne la plus efficace possible en fonction des troubles de l'élève pour bien l'accompagner dans sa classe. Et la question de l'autonomie se pose aussi. Puisqu'il faut évaluer très précisément la situation de chaque enfant pour analyser quels bénéfices il tire réellement de cet accompagnement pour progresser" développe le conseiller technique sur l'école inclusive au rectorat à Caen, qui conclut en affirmant "réfléchir quotidiennement avec le rectorat pour trouver des solutions d'accompagnement pour élèves non aidés actuellement". 


 
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