En octobre dernier, l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest avait révélé la présence d'un élément hautement radioactif aux abords du ruisseau des Landes, près du site Areva de la Hague. Le géant du nucléaire a reconnu ce jeudi l'existence de cette pollution.
Areva va "ramasser" des terres polluées à l'américium 241, un élément très radioactif, près de son usine de Beaumont-Hague, a indiqué ce jeudi, lors d'une commission locale d'information (CLI), son directeur adjoint René Charbonnier après l'étude de l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest (ACRO) révélant cette pollution en octobre dernier. Le gendarme du nucléaire (ASN) avait déclaré prendre cette étude "très au sérieux".
Il faut 432 ans pour que la radioactivité de l'américium 241 diminue de moitié. L'ACRO, qui a refait des prélèvements depuis la publication de son étude, a fait état jeudi d'une pollution allant "jusqu'à 200 Becquerels par kilo (Bq/kg) sec" (non humide), soit selon elle "plus de 650 fois" les valeurs trouvées par Areva avant l'étude, dans cette zone de marécages traversée par un ruisseau baptisé Les Landes.
Une possible présence de plutonium pour l'Acro
Selon l'association, une telle présence d'Américium "laisse supposer qu'il y a du plutonium. On peut s'attendre à trouver jusqu'à 300 Bq/kg sec de plutonium", a affirmé Antoine Bertollin, de l'Acro, devant la CLI.
L'ASN n'a toutefois "pas d'inquiétude particulière quant à l'impact sanitaire" de cette "pollution", a indiqué Hélène Héron, directrice de l'antenne caennaise de l'ASN. "C'est un événement passé, ce n'est pas une pollution qui est en train de se faire" mais il reste "un travail important à réaliser pour essayer de comprendre d'où vient ce marquage", a ajouté Mme Héron.
Selon Areva "il faudrait ingérer environ 30 kg de terre sèche marquée à 84 Bq/kg sec en Américium 241, soit environ 300 kg de terre fraîche pour atteindre la limite de 1 mSv", seuil limite individuel et annuel que le public ne doit pas dépasser.
Exposition par inhalation
L'argument a fait bondir Pierre Barbey, membre de l'ACRO et maître de conférence à l'université de Caen, reprochant à Areva de ne pas tenir compte de l'exposition par inhalation, qui est selon lui "150 à 200 fois" plus importante pour un adulte que par ingestion.
Ces terres sont extérieures au site nucléaire mais appartiennent à Areva, selon l'industriel. Selon l'Acro c'est une zone de pâture. Le volume, le coût et le calendrier de l'opération sont en cours d'étude, selon Areva. L'usine de retraitement des déchets nucléaires de Beaumont-Hague est le site qui concentre le plus de matière radioactive en Europe.