Vous avez été nombreux à réagir à l'histoire de ce boulanger du Cotentin dans le pétrin ! Pour éviter la faillite de l'unique commerce du village alors que son propriétaire est hospitalisé, les clients et un collègue se mobilisent. La protection sociale des Indépendants est mise sur le gril...
C'est une histoire qui a beaucoup fait réagir les internautes ces derniers jours.
Un boulanger dans un village du Cotentin a du fermer sa boutique pour cause d'hospitalisation. Il est dans l'incapacité de travailler pendant ces trois prochains mois. L'unique commerce du village est en danger et sa situation personnelle devient catastrophique : pour lui épargner la faillite, sa salariée qui assure la livraison des pains chaque jour a mobilisé les habitués. Une cagnotte a été constituée et un collègue-boulanger va travailler plus pour lui assurer le suivi de sa clientèle.
Les internautes sont en colère pour lui et pour tous les artisans- commerçants-indépendants qui ne comptent pas leurs heures de travail et qui se retrouvent , au moindre pépin, endettés et sans aide.
On entend souvent dire "quand tu es à ton compte, il ne faut surtout pas qu'il t'arrive quelque chose !". Sous-entendu : sinon tu mets la clé sous la porte.
Et la forte mobilisation des indépendants ces dernières années contre "les injustices du RSI- le régime social des Indépendants" a fortement mis l'accent sur la différence de protection sociale entre un salarié et un "petit patron".
"c'est très compliqués ma fille a un salon de coiffure et elle a été obligée de fermer pour une opération. C'est très compliqué avec le RSI. Un patron ne doit pas être malade", témoignait une personne à propos du reportage.
Et pourtant depuis le 1er janvier 2018 le RSI n'existe plus
Il a été remplacé par la Sécurité Sociale des Indépendants. En 2 ans, le nouveau dispositif doit modifier la protection sociale des indépendants qui est désormais confiée au régime général de la sécurité sociale. Cependant, les droits et les taux de cotisation demeurent identiques. Au niveau du remboursement des soins, des indemnités journalières ou des pensions de retraite, il n’y a donc rien de "nouveau"à signaler.
Un indépendant touche donc quelques indemnités journalières ( les fameuse IJ de la CPAM ), en cas de maladie mais le montant ne lui permet pas de salarier "un remplaçant". Elles représentent environ 80% de son chiffre d'affaires des dernières années. Mais le ratio reste inférieur à la prise en charge "maladie" d'un salarié.
"Et c'est sans compter qu'un patron boulanger comme celui de Gatteville réalise entre 60 et 70 heures de travail hebdomadaire. Salarier quelqu'un pour le remplacer ne suffit donc pas, il faudrait en plus, à minima 2 personnes. Et là, financièrement, c'est juste impossible", explique Frédéric Fauchon, du la Maison du Boulanger, dans la Manche.
Est-ce qu'il aurait du prendre une assurance complémentaire ou mutuelle pour lui assurer un revenu suffisant en cas d'arrêt maladie? Oui certainement, mais là encore l'argent est le nerf de la guerre. Ces assurances sont très onéreuses.
Dans le cas du boulanger de Gatteville, la Chambre de Métier va tenter de dégager des fonds de solidarité exceptionnels pour aider sa famille. Mais le magasin restera fermé, sans aucun doute.
"Le changement nom du RSI n'est qu'un changement de nom. Pour le moment les indépendants ne sont absolument pas mieux protégés. Ce qui changera peut-être prochainement c'est l'octroi d'allocation chômage en cas d'arrêt d'activité. L'idée est en négociation et semble être dans les tuyaux mais pour le moment, rien!", poursuit Frédéric Fauchon.