Marthe Rigault, a été décorée ce lundi 24 octobre de la légion d'honneur. Une haute distinction pour la récompenser d'avoir sauvé la vie de plusieurs soldats américains lors du débarquement.
Elle est émue et n'a pas l'habitude de faire des discours et de " recevoir tant d'honneur ". La nonagénaire originaire de la Manche, Marthe Rigault, a obtenu la plus haute distinction française : la légion d'honneur. Lors de la cérémonie qui a eu lieu le 24 octobre dernier à Carentan-les-Marais, son courage lors du Débarquement en Normandie, il y a plus de 80 ans, a été récompensé.
Dans la nuit du 6 juin 1944, des soldats américains sont largués en parachute, par erreur, à une vingtaine de kilomètres de leurs objectifs. Ils atterrissent dans les Marais du Cotentin, près du petit village de Graignes, non loin de la ferme familiale de Marthe.
123 soldats accueillis
Un soldat frappe à leur porte, Marthe est alors âgée de 12 ans. Elle se souvient : " On a fait du feu dans la cheminée, et on l'a réchauffé un peu parce qu'il était mouillé. Et, il m'a donné une tablette de chocolat et il est resté jusqu'à trois ou quatre heures du matin. "
La petite ville de Graignes devient un camp retranché pour de nombreux soldats américains. La famille de Marthe en accueille en tout 123 dans leur grange, pendant plusieurs jours.
Une semaine plus tard, un dimanche, après la messe, les SS attaquent. La petite Marthe décide avec sa sœur de cacher 23 GI, rescapés, sans l'accord de sa famille. "Notre grand-père avait peur qu'on se fasse fusiller. Les premiers jours, nous n'avons rien dit. On cuisinait des œufs en douce, on leur apportait des lapins, mais aussi des pommes de terre dans le grenier ", se souvient-elle.
On a fait ce qu'on devait faire. N'importe qui en aurait fait autant
Marthe RigaultChevalier de la légion d'honneur
Des Américains reconnaissants
Parmi les soldats, les protégés de Marthe, il y a le père de Stephen Rabe. L'Américain a décidé de faire le déplacement pour assister à la remise de la légion d'honneur de celle qui a sauvé son père.
Il explique avec émotion : " Pour moi, elle est comme ma deuxième mère, je n'exagère pas. Sans Marthe et sans sa sœur, je ne serai pas là, ma fille Elisabeth ne serait pas là et mes deux précieux petits enfants non plus. Je me sens bouleversé, j'ai pleuré plusieurs fois."
Reconnaissante d'avoir reçu cette décoration, Marthe termine : "J'aurais bien aimé que mes parents et ma sœur soient là pour en profiter. "