La filiale du groupe Manoir Industrie, en redressement judiciaire, va être reprise par le groupe Fives Nordon mais pas avec l'ensemble de son effectif. Seuls 162 salariés vont rester sur les 223.
L'ambiance était lourde ce mardi après-midi sur le parking d'ACPP à Digulleville. Les salariés et leurs représentants syndicaux étaient réunis en assemblée générale dans l'attente de la décision du tribunal de commerce de Rouen. Abattement, résignation mais aussi colère se mêlaient dans l'assistance avec le sentiment que les dés étaient déjà jetés et leur destin scellé. Après des mois de lutte et de mobilisation, l'épilogue leur laisse en bouche un goût amer et inachevé.
ACPPP est sauvé. L'entreprise de chaudronnerie spécialisée dans le nucléaire, filiale du groupe Manoir Industrie en redressement judiciaire depuis février derneir, va poursuivre son activité. Ainsi en a décidé ce mardi 25 mai le tribunal de commerce de Rouen qui a nommé repreneur le groupe Fives Nordon, basé à Nancy. Un repreneur qui avait la faveur des salariés - "C'est un groupe qui a plus de 1000 salariés, qui est fiable économiquement, qui est aussi socialement intéressant pour nous. On sait qu'ACPP, avec ce groupe-là, va se développer, trouver des marchés", nous expliquait le 11 mai dernier Pascal Maadé, délégué CFDT - mais dont l'offre était jugée insuffisante socialement.
C'est pourtant la seule offre qui a été soumise au tribunal de commerce à l'audience du 11 mai, alors que quelques jours plus tôt on recensait trois candidats. Le cherbourgeois NSB Probent ne s’était finalement faute de financement suffisant.
Deux semaines plus tard, il n'y a donc pas de surprise. Le groupe Nancéen reprend ACPP mais pas la totalité de son effectif. Sur les 223 salariés, seuls 162 conserveront un emploi dont 150 en CDI. Devant leurs collègues réunis ce mardi dans l'enceinte de l'entreprise, les délégués syndicaux n'ont pas cahcé leur déception et on regretté un soutien insuffisant selon eux de l'Etat. Ce dernier avait déjà accordé l'an dernier au groupe Manoir Industrie un prêt de 15 millions d'euros pour éviter des liquidations judiciaires sèches et permettre une reprise. Mais dans le Cotentin, certains auraient voulu qu'il fasse également pression sur les donneurs d'ordre pour assurer des marchés et rassurer les candidats à la reprise.
Le combat n'est pas pour autant terminé. Pour les représentants des salariés, il s'agit maintenant d'améliorer PSE (Plan de Sauvegarde pour l'Emploi) "Pour nous, aujourd'hui, il est vraiment infime, ridicule. On propose 877 euros par salarié", s'indigne Pascal Maadé, délégué CFDT, "Pour nous, c'est incompréhensible". Une enveloppe de 50 000 euros est pour l'heure destinée aux 57 salariés qui vont perdre leur emploi. "On a quand même des gens de 58-59 ans qui vont se retrouver dans des situations très compliquées, qui ne vont pas retrouver de travail, qui ne vont pas pouvoir se former, se reclasser et financièrement ça va être très très dur pour eux", plaide le représentant syndical, "Et ça nous inquiète énormément."