L'ex ministre de la Défense a été mis en examen pour "complicité d'abus de biens sociaux" par la Cour de justice de la République dans le volet de l'affaire Karachi concernant le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995.
Plus de 15 ans après l'attentat qui avait causé la mort au Pakistan de 15 personnes, dont 11 employés cherbourgeois, Edouard Balladur était mis en examen en mai dernier par la Cour de Justice de la République pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux". L'ancien premier ministre est soupçonné d’avoir financé une partie de sa campagne présidentielle de 1995 grâce à des rétro-commissions sur des contrats d’armement. Dans ce volet de l'affaire, un de ses anciens ministres vient à son tour d'être mis en examen.
François Léotard, 75 ans, en charge de la Défense dans le gouvernement d'Edouard Balladur, a été entendu le 4 juillet dernier par la commission d'instruction de la CJR. Il a été à son tour mis en examen pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux". Un autre ancien ministre a lui été entendu comme témoin par la CJR en mai dernier: il s'agit de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, ministre du Budget de 1993 à 1995. Pour l'instant, seules deux mises en examen ont été prononcées dans le volet ministériel du dossier Karachi, un volet géré par la CJR.
Six personnes renvoyées devant le tribunal correctionnel
C'est l'enquête antiterroriste qui avait mis la justice sur la piste d'un financement occulte de la campagne de 1995, grâce à des rétrocommissions -illégales- sur des contrats d'armement avec le Pakistan et l'Arabie saoudite. Une deuxième enquête avait alors été ouverte en 2011 sur ce volet financier, confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire.Dans ce volet financier, six personnes ont été renvoyées le 11 juillet devant le tribunal correctionnel. Parmi elles, Nicolas Bazire, ex-directeur de la campagne, Thierry Gaubert, alors membre du cabinet de Nicolas Sarkozy, et l'intermédiaire Ziad Takieddine.
Les cas d'Edouard Balladur, dont la campagne pour la présidentielle de 95 est pourtant au coeur du dossier, et de François Léotard sont un peu particuliers. En 2014, les juges d'instruction en charge du dossier se sont déssaisis de leur cas au profit de la Cour de Justice de la République. C'est la seule instance à être habilitée à à juger des délits commis par des membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.