Quelques agents se sont réunis autour d'un barbecue. Ils ont pris part au mouvement national de contestation qui touche nombre de services d'urgences. A Cherbourg, l'été s'annonce encore difficile. Et compte-tenu de ses difficultés financières,  l'hôpital, n'a pas les moyens de soulager le service.

Même si à Cherbourg, le mercure du thermomètre monte moins haut que dans certaines régions méridionales, au service des urgences, l'été reste une saison chaude. "On a beaucoup de remplaçants qui ne connaissent pas tous les postes. Il y a une perte de compétence. C'est aux anciens de compenser", raconte Lucie Merlier, représentante du syndicat FO aux service des urgences. "Et dans l'hôpital, avec les vacances des médecins et des personnels para-médicaux, on est obligé de fermer des lits. Et s'il n'y a pas de lits disponibles pour accueillir nos patients, ils restent plus de 24 heures aux urgences". L'image est parlente : le personnel parle d'un service qui "s'embolise"
 



Le scénario est écrit à l'avance. D'autant que le service accueille toujours plus de patients dans un Cotentin en manque de médecins. "Il n'y a plus beaucoup de spécialistes comme les dentistes ou les ophtalmos, poursuit Lucie Merlier. Il y a aussi des touristes de passage, des gens qui viennent sur le chantier de l'EPR qui n'ont pas de médecin ici. Parfois, les gens ont un généraliste débordé qui ne peut pas les recevoir. Alors, les urgences, c'est le recours".
 

"La semaine dernière, on a gardé 26 personnes pour la nuit sur des brancards faute de lit disponible"


Pourtant, dans la cour de l'établissement, on ne se bouscule guère autour du barbecue. La fatigue le dispute à la résignation dans cet "hôpital sous appareil respiratoire" selon la formule de l'actuel directeur par intérim, qui file aussi la métaphore médicale. Les finances sont dans le rouge depuis plusieurs années. Le centre hospitalier a été contraint de prendre des mesures de restructuration drastique qui vont se traduire par 200 suppressions de poste.
 

Impossible dans ces conditions d'ouvrir des lits dans les services qui soulageraient les urgences. "Pour être accompagné financièrement, on a l'obligation de s'engager dans cette reconfiguration, justifie Bénédicte Gastebois, responsable de la communication de l'hôpital. On ne peut pas revenir là-dessus. Il nous faut améliorer notre organisation, adapter les durées d'hospitalisation pour obtenir une meilleure fluidité avec les urgences, et ça prend du temps". 
 (reportage de Sylvain Rouil et Marie Saint-Jours)

L'été sera donc pareil aux précédents, avec ses pics de fréquentation, et les incivilités "quotidiennes" engendrées par l'exaspération de patients qui ne le sont plus après quelques heures d'attente. Lucie Merlier raconte : "la semaine dernière, on a gardé 26  personnes à dormir la nuit par qu'il n'y avait pas de places dans les services pour les accueillir. Certains sont restés sur les brancards. On a mis les plus fragiles sur des lits de réserve de fortune non électrifiés". La routine.

 
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