Sorti le 19 février 1964, Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy est considéré comme un classique du cinéma français. Voici cinq anecdotes que vous ne connaissez peut-être pas à propos du film qui a reçu la Palme d'or du Festival de Cannes.
Le film Les Parapluies de Cherbourg est sorti le 19 février 1964, il y a tout juste 60 ans ! Son succès a lancé la carrière internationale de son réalisateur Jacques Demy, ainsi que de son compère musicien Michel Legrand.
En outre, il fait connaître la capitale du Cotentin dans le monde entier, en lui apportant une sacrée notoriété, bien meilleure que celle d'être une ville sans cesse arrosée par la pluie.
Cherbourg choisie grâce... à son port
Avant de choisir le lieu où réaliser son film, Jacques Demy visite plusieurs villes portuaires. S'il finit par se fixer sur Cherbourg, c'est parce qu'il est tombé sous le charme de son port.
"Il y a trouvé une ambiance qui lui a plu. Il y avait un beau soleil, une belle lumière. Il a déambulé dans les quartiers, ça lui a plu alors qu'il avait été très déçu du Havre", raconte Didier Lecoeur, guide conférencier de l'office de tourisme de Cherbourg.
Episode 1 de notre feuilleton : L'histoire d'un film miraculé
Des parapluies mais pas de pluie
C'est ce qu'on appelle la magie du cinéma. Le film Les Parapluies de Cherbourg a été tourné à l'été 1963, durant huit semaines et... il n'est pas tombé une goutte pendant le tournage. Pourtant, la pluie tombe bien dans le film, et ce, grâce au concours des pompiers.
"On avait participé pour provoquer un jet-brouillard qui faisait illusion de la pluie", se rappelait en 1995, Claude Baudelot, ancien chef des pompiers de Cherbourg.
Pour les besoins du film, le réalisateur a même enneigé tout un quartier. Avec du sel au sol et du plâtre sur les toits : voilà comment Jacques Demy et son équipe se sont débrouillés pour transformer un Cherbourg estival en une ville en plein hiver.
Episode 2 : Les anecdotes du tournage racontées par les habitants
Personne n'y croyait, personne n'en voulait... sauf Mag Bodard
Le scenario de ce film qui sera qualifié d'avant-gardiste, de précurseur, a d'abord rebuté les producteurs. En 1961, Demy a déjà le squelette de ce qu'il avait initialement intitulé La Belle Amour.
Convaincu par Michel Legrand qu'il fallait réaliser un film entièrement chanté, le réalisateur peine à convaincre les financeurs, refroidis par les échecs de nombreuses comédies musicales américaines dans les salles françaises. Finalement, une femme finit par accepter : Mag Bodard.
Convaincre quelqu'un, c'est déjà très difficile. Alors, convaincre quelqu'un de quelque chose dont il est convaincu qu'il ne faut pas le faire, c'est encore plus difficile. J'ai mis un an et demi avant de pouvoir monter les Parapluies de Cherbourg !
Mag Bodard, productrice des Parapluies de Cherbourg
Episode 3 : Un film qui fait connaître Cherbourg dans le monde entier
Un des premiers films ouvertement féministe
Les Parapluies de Cherbourg est une "tragédie musicale enchantée, en scope" comme le décrivait Jacques Demy. Pourtant, sous la pellicule haute en couleurs, à l'aspect de "bonbon acidulé" comme le décrit sa fille Rosalie Varda-Demy, le cinéma de Demy traite de sujet de société.
"Les femmes sont habillées pratiquement avec le même motif que le papier peint. Quand on regarde bien, ça veut dire quelque chose sur la femme qui n'arrive pas à s'extirper de son modèle 'domestique', » analyse Xavier Leherpeur, critique de cinéma pour l'Obs et France Inter.
"Elle se fond avec le papier peint parce que c'est une femme au foyer, une femme à la cuisine, une femme dont la fonction est définie par la société et ça hérisse Jacques, dont tout le cinéma est extrêmement féministe", conclut le journaliste.
Les parapluies de Cherbourg ont inspiré La La Land
Si le long métrage tourné à Cherbourg en 1963 n'a pas eu le moindre Oscar, il peut se targuer d'avoir été à l'origine d'un film qui en a récolté cinq. La La Land, comédie musicale de 2016, est un hommage non voilé à l'œuvre de Jacques Demy.
Tout au début à l'université, je suis tombé amoureux de Jacques Demy et de Michel Legrand. C'était quelque chose de hyper important pour moi. Je me souviens de la première fois que j'ai vu Lola, ou les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, je ne savais pas qu'on pouvait faire ça dans un film.
Damien Chazelle, réalisateur de La La Land
Un autre film peut clairement revendiquer la filiation avec le chef d'œuvre de Jacques Demy : Jeanne et le garçon formidable (1998). Jacques Martineau et Olivier Ducastel racontent l'histoire d'un amour impossible, mais cette fois, à cause du Sida, maladie dont est mort le père des Parapluies de Cherbourg.
C'est même le fils de Jacques Demy, Mathieu, qui insiste pour jouer le rôle principal de l'homme séropositif, amoureux de Virginie Ledoyen, dans lequel joue également Valérie Bonneton.
Episode 4 : L'influence de Jacques Demy sur Céline Sciamma, Jacques Ducastel, Olivier Martineau, Damien Chazelle et les autres ...