Le gouvernement mozambicain a annoncé la conclusion d'un accord de renégociation de la dette liée à l'achat controversé d'une flotte de chalutiers et d'embarcations militaires aux chantiers navals français de Cherbourg, dans un communiqué reçu mercredi par l'AFP.
Contracté en 2013, l'emprunt de 850 millions de dollars, qui a depuis généré le plus gros scandale financier au Mozambique, est vu comme l'un des facteurs responsables du récent plongeon de l'économie mozambicaine, déjà affectée par la crise des matières premières. Depuis 2015, la monnaie mozambicaine a perdu plus de 30% de sa valeur et les remboursements de la dette ont fortement creusé les réserves de change.
24 bateaux de pêche et des embarcations militaires
Originellement émis par la Compagnie mozambicaine de thon, dite Ematum, l'emprunt avait servi à financer l'acquisition d'une flotte de 24 bateaux de pêche au thon aux Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) de Cherbourg. Mais l'opacité sur la constitution d'Ematum et sur la répartition des fonds, la présence de six embarcations militaires dans le contrat avec les CMN, et les déclarations contradictoires du précédent gouvernement avaient conduit les médias locaux à crier au scandale.
La renégociation de la dette
L'accord de restructuration, initié en juin 2015 par le nouveau gouvernement et arrangé par les banques Crédit Suisse et VTB, a été signé lundi à Maputo et ratifié mardi soir en conseil des ministres, précise le communiqué. La proposition du gouvernement a reçu l'accord de 86,5% des investisseurs détenteurs de l'emprunt, a précisé à l'AFP Rogerio Nkomo, porte-parole du ministère des finances. "Jusque là, le montant des remboursements était de l'ordre de 200 millions de dollars par an. Grâce à ce processus, ce montant est passé à 75 millions de dollars par an, ce qui devrait réduire énormément la pression sur le budget", a-t-il ajouté.D'après les termes de l'accord signé lundi, la dette d'Ematum est échangée contre une dette contractée cette fois par l'Etat et remboursable en totalité en 2023. D'ici là, le Mozambique devrait commencer à toucher les revenus liés à l'exploitation des immenses réserves de gaz du bassin du Rovuma (nord), prévu à l'horizon 2020. Mais cette renégociation ne devrait pas mettre fin au scandale, alors que beaucoup d'interrogations demeurent sur la véritable allocation des fonds.