Dans son édition datée de ce mercredi, le Canard enchaîné révèle que la Cour de Justice de la République a mis l'ancien Premier ministre en examen. Il est soupçonné d’avoir financé une partie de sa campagne présidentielle de 1995 grâce à des rétro-commissions sur des contrats d’armement.
Plus de 20 ans après les faits, Edouard Balladur a été mis en examen ce lundi 29 mai par la Cour de Justice de la République pour « complicité et recel d’abus de biens sociaux ». Un nouvel épisode dans l'affaire dite de Karachi. Le 8 mai 2002 une voiture remplie d'explosifs fonce sur un bus qui transportait des personnes travaillant à la construction de sous-marins vendus au Pakistan par la France. L'attaque fait quinze morts - dont onze employés normands de la Direction des chantiers navals (DCN) de Cherbourg - et douze blessés.
15 ans de l'attentat de Karachi : notre frise chronologique interactive revient sur les dates clés - France 3 Normandie
8 mai 2002. Une voiture remplie d'explosifs fonce sur un bus à Karachi au Pakistan. A son bord, des salariés de la direction des constructions navales de Cherbourg (DCN). L'attaque fait 14 morts dont 11 Français. 15 ans après les faits, l'affaire est toujours en cours et on ne sait toujours pas qui est derrière cet attentat.
L'attentat n'a jamais été revendiqué. Une des pistes envisagées est que cette attaque a été perpétrée par représailles après l'arrêt de versement de commissions par Jacques Chirac, en marge d'un contrat d'armement avec le Pakistan. Des commissions qui auraient généré des rétro-commissions dans les années 1990, quand Edouard Balladur était Premier ministre. De l'argent sale qui aurait servi à financer sa campagne présidentielle de 1995.
Edouard Balladur conteste
La justice a renvoyé en 2014 six personnes devant le tribunal correctionnel, dont plusieurs proches de l'ancien Premier ministre comme Nicolas Bazire, son ancien directeur de campagne. Edouard Balladur n'a pas été inquiété à l'époque car seule la Cour de Justice de la République est apte à juger les crimes ou délits commis par les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Il aura donc fallu attendre trois ans pour que cette juridiction mette l'ancien Premier ministre en examen. Dans un communiqué transmis à l'AFP, Édouard Balladur a annoncé avoir "demandé à ses avocats de contester cette décision devant la Cour de cassation". "La décision de la commission d'instruction ne tire aucune conséquence de la validation du compte de campagne par le Conseil constitutionnel en octobre 1995, non plus que de l'ancienneté des faits, vieux de vingt-trois ans", estime l'ancien rival de Jacques Chirac, âgé aujourd'hui de 88 ans.
Du côté des victimes, on déplore la lenteur de l'enquête et on désespère de connaître un jour la vérité.