Depuis le 26 août dernier, huit plages du Cotentin sont interdites à la baignade. De tests effectués par l'ARS ont révélé la présence de bactéries. De fortes pluies sur un sol sec expliquent cette contamination.
Ce lundi après-midi, sur la plage de Collignon, dans la Manche, le vent ne manque pas de souffle et les vagues déferlent sur la sable. Pas de quoi refroidir les Cherbourgeois amateurs de baignade alors que le soleil joue les prolongations dans un ciel sans nuage. Mais pour Gisèle, une habituée des lieux, il faudra se contenter d'un bain de soleil à l'abri des dunes. "Vendredi, je me rendais dans l'eau quand un sauveteur est venu me trouver en criant : non ! non ! non !", raconte la retraitée. A l'entrée de la plage, Henri constate tristement que l'interdiction de baignade est toujours affiché sur une barrière. "Je me baigne tous les jours. Depuis vendredi, on ne peut pas faire grand chose sinon aller plus loin. L'autre jour, je suis allé à Utah beach", dit-il dans un grand éclat de rire, au guidon de sa moto. Car la plage de Collignon est loin d'être un cas isolé. Depuis le 26 août, huit plages sont interdites à la baignade dans le Cotentin.
Gisèle l'assure : elle ne trempera même pas un orteil dans l'eau ce lundi. Et la retraitée a bien raison. "Si vous bravez l'interdiction, les risques majeurs sont des gastro-entérites. Le fait de boire quelques gouttes d'eau peut suffire à en entraîner une. Il y a également des risques d'infections oculaires ou de la peau", prévient Sabrina Lepeltier, responsable santé et environnement pour la Manche à l'Agence Régionale de Santé (ARS) de Normandie. Car des tests prévus de longue date par l'ARS ont révélé la semaine dernière la présence d'Escherichia coli et d'entérocoques. "Ce sont des germes témoins de contamination fécale. S'ils sont présents, il y a risque de présence d'autres bactéries, d'autres virus pathogènes dans les eaux. Dans ces cas-là, on interprète un risque de contamination microbiologique pour les baigneurs."
Un effet cumulatif
Au cours du mois d'août, plusieurs plages de la côte ouest de la Manche ont été fermées préventivement. "Les coefficients de marée sont facteurs de dégradation de la qualité de l'eau. Cet été, on avait quatre gros coefficients", indique Sabrina Lepeltier. Les fortes pluies constituent un autre facteur à risque. Et les orages n'ont pas maqué durant la deuxième partie de l'été. Comme ce fut le cas la semaine dernier, dans la nuit de mercredi à jeudi sur le Cotentin. Ces précipitations peuvent entraîner des "débordements d'assainissement collectif ou non collectif mal raccordé au réseau."
Mais cet été 2022, le deuxième été le plus chaud après 2003 selon Météo-France, un autre élément est venu jouer les trouble-fêtes. "La sécheresse donne une moins bonne perméabilité aux sols quand la pluie arrive", explique la responsable santé et environnement pour la Manche de l'ARS, "Il y a eu aussi une accumulation de déjections animales sur les sols. Ça peut être des épandages ou des pâturages qui n'ont pas été lessivés parce qu'il n'y a pas eu de pluie pendant cette période sèche. L'arrivée de fortes pluies sur ces sols entraînent un certain nombre de substances indésirables dans les eaux pluviales et par extension dans les eaux de baignade. Ça arrive dans les cours d'eau qui se jettent dans la mer."
De nouveaux prélèvements ont été effectués ce lundi. Les résultats devraient être communiqués en fin de journée ce mardi ou mercredi matin. Compte tenu de l'absence de pluie depuis quelques jours, Sabrina Lepeltier estime probable un retour rapide de la baignade sur les plages du Cotentin.