Un train d'essai a circulé sur la voie ferrée qui traverse Cherbourg-en-Cotentin, mardi 10 décembre, à quelques mois de l'ouverture d'une ligne de fret ferroviaire entre la ville portuaire normande et Bayonne. La liaison doit permettre de retirer 28.000 camions des routes chaque année.
Le transport ferroviaire de marchandise est de retour à Cherbourg-en-Cotentin (Manche). Un train d'essai a circulé sur la voie ferrée qui traverse la commune, mardi 10 décembre, en amont de l'ouverture d'une ligne de fret ferroviaire qui reliera bientôt la ville portuaire normande à Mouguerre, près de Bayonne (Pyrénées-Atlantique). La desserte ferroviaire du port de Cherbourg reprendra ainsi son activité après 23 ans d'arrêt.
La circulation du train d'essai visait à vérifier l'état des voies avant le redémarrage des trains de marchandises, qui permettra la circulation de 28.000 remorques de camion sur les rails chaque année au départ du port de Cherbourg. "C'est le signe de la réindustrialisation de la ville", veut croire Benoît Arrivé, le maire (PS). "On avait un port fabuleux mais vide. Le ferroutage, ça crée de l'emploi sur la base logistique, c'est de l'activité économique en plus". La mairie se refuse pour l'instant à chiffrer le gain en nombre d'emplois.
Deux trains par jour
À partir de la fin d'avril 2025, deux à trois allers-retours auront lieu chaque semaine pendant une phase de test. À terme, le rythme normal sera de deux trains par jour. Un transport ferroviaire de 700 mètres arrivera chaque matin autour de 11h et repartira le soir, "en dehors des périodes de trafic routier", veut rassurer Benoît Arrivé. La voie de fret cherbourgeoise est en effet traversée par quatre passages à niveau routiers, ce qui pourrait inquiéter les automobilistes qui devront s'immobiliser deux fois par jour le temps du passage des marchandises. "Il faut préparer la population à revivre avec un train quotidien", anticipe Jean-François Bernard, le responsable de la maîtrise d'ouvrage de SNCF Réseau. La date du début du transport régulier n'a pas encore été dévoilée.
Ce mardi, le train à l'essai, de 550 mètres, a traversé la portion de voirie située en ville, longue de 2,5 kilomètres, en 21 minutes en roulant jusqu'à 10 km/h. Une fois la période de mise en route passée, les trains devraient circuler à 30 km/h en ainsi traverser la ville en sept à huit minutes seulement. Le test s'est déroulé sans accroc. "Il fallait s'assurer que les installations permettaient l'arrivée du train dans les normes et dans des conditions de sécurité optimales", décrit Bertrand Marsset, directeur adjoint de Ports de Normandie.
Cette transformation du port de Cherbourg, qui a nécessité l'aménagement d'un terminal au bout de la voie ferrée existante, doit lui permettre de se projeter dans l'avenir. "On permet au transmanche de voir plus loin, de passer une étape dans l'inscription dans les trafics fret de demain qui ne se feront pas seulement par camion, mais aussi par le train", explique Bertrand Marsset.
Décarboner le transport
"C'est une bonne chose pour la décarbonation, juge le maire de la ville. On va détourner de la route 28.000 camions par an qui prendront le train plutôt que la route". "Avec ce chantier, c’est (...) 20.000 tonnes de carbone qui ne seront pas émises. Ces travaux permettront ainsi de diminuer significativement les émissions de carbone et les nuisances liées au trafic par camion", communique SNCF Réseau.
Cette liaison Cherbourg-Mouguerre sera opérée par Brittany Ferries, la société de transport bretonne qui avait été à l'initiative du projet dès 2020. L'entreprise a investi 40 millions d'euros dans les travaux, qui comprennent la construction du terminal d'arrivée de Mouguerre en plus de celui de Cherbourg. L'aménagement du port de cherbourgeois représente aussi un investissement public de près de 13 millions d'euros, financés par Ports de Normandie (pour 8,7 millions d'euros), la Région Normandie (1,7 million), le Département de la Manche (850 000) et l'Agglomération du Cotentin (285 000).
Brittany Ferries, qui se chargeait déjà de l'import par bateaux de marchandises depuis le Royaume-Uni et l'Irlande, étend ainsi son réseau de fret vers la frontière espagnole. "Relier l’Espagne au Royaume-Uni et à l’île d’Irlande en associant la route, le rail et le transport maritime s’inscrit dans la transition énergétique et responsable de notre entreprise", déclarait en 2020, lors de la présentation du projet, Jean-Marc Roué, le président de la compagnie.