Les grandes marées, les conditions idéales pour traquer la radioactivité

L'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) profite des grandes marées pour effectuer des relevés sur la faune et la flore marine. Ce mardi 12 mars, ses "préleveurs volontaires" étaient présents sur les plages du Cotentin. Explications.

À l'occasion des grandes marées, ils ont revêtu les bottes. Le littoral normand rencontre à la mi-mars des coefficients de marée pouvant grimper jusqu'à 117, alors que la normale se situe sous les 80.

Pour les bénévoles de l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO), c'est une occasion en or. Créée en 1986, après l'accident nucléaire de Tchernobyl, cette association de citoyens se donne pour mission de mesurer les niveaux de radioactivité autour des sites nucléaires normands. Elle dispose pour cela d'un laboratoire, agrée par l'Autorité de sûreté nucléaire, à Hérouville-Saint-Clair (Calvados).

Mollusques, algues, sable et eau

Tout au long de l'année, la quarantaine de "préleveurs volontaires" que compte l'association glane autour des sites nucléaires de Normandie mollusques, algues et échantillons de sable et d'eau permettant de mesurer les niveaux de radioactivité.

Il en est ainsi à Paluel, Penly (Seine-Maritime) et Flamanville (Manche), qui abritent des centrales nucléaires, ainsi qu'à La Hague (Manche), où se situe un centre de traitement de combustibles nucléaires.

Les grandes marées d'équinoxe, entre le 10 et le 13 mars, charrient "les objets restés en mer le plus longtemps" et les ramènent sur les plages, informe Aurore Le Vot, chargée d'études à l'ACRO. Les bénévoles accourent donc pour effectuer leurs prélèvements sur les plages. Ce mardi 12 mars, ils étaient sur les plages du Cotentin, à Barneville, Diélette, Fermanville et dans la baie d'Ecalgrain. La veille, ils avaient inspecté le littoral calvadosien. Les prélèvements se poursuivent ainsi jusqu'au jeudi 14 mars.

Les grandes marées, occasion en or

"On cherche le tritium, l'élément le plus rejeté dans l'environnement par les installations nucléaires, explique Aurore Le Vot. Dans les algues, les sédiments, les mollusques, on va tracer les isotopes radioactifs, on va observer des concentrations". Et les algues que rapportent les grandes marées sont précieuses : "Elles sont capables de le concentrer les éléments, on peut ainsi découvrir des phénomènes de radioactivité au long cours", détaille la chargée d'études.

"L'avantage des prélèvements de l'ACRO, c'est qu'on peut les faire partout où on en a envie. On fait ça parce que ça permet de surveiller et d'avoir d'autres éléments de mesure que ceux des industriels", abonde Aurore Le Vot. "On surveille et quand on trouve des pollutions, on donne l'alerte", résume-t-elle.

L'association avait ainsi pu révéler la présence de plutonium, en 2016, à La Hague, et avait lancé l'alerte. "Ce n'est pas Orano [la société gestionnaire de l'usine de traitement de La Hague, NDLR] qui allait le faire", estime Aurore Le Vot. Une opération de dépollution avait été menée ensuite.

En recherche de bénévoles

"On va faire des prélèvements souvent dans des lieux qui ne sont pas étudiés par les industriels, c'est complémentaire", explique Mylène Josset, la coordinatrice de l'association. "Car il y a une demande sociétale", complète-t-elle.

Guy Vastel, préleveur volontaire de l'ACRO depuis vingt ans, acquiesce. "J'ai franchi le pas en m'engageant parce que j'habite près des installations d'Orano à La Hague. On avait très peu d'information, je voulais un autre regard", explique-t-il.

L'ACRO, toujours en recherche de bénévoles, mènera des opérations de prélèvement dans la baie du Mont-Saint-Michel (Manche) et à la plage de Puys à Dieppe (Seine-Maritime), mercredi 13 mars, puis à Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime) et Sallenelles (Calvados), jeudi 14 mars.

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